31 mars 2007

Enfants

Aujourd'hui je surfe furieusement et j'ai découvert un blog formidable.
Dans ce message, Hélène parle de l'enfant parfait, dont on doit faire son deuil. Deuil plus difficile pour elle.
Je vois bien comment j'ai pris mon fils aîné, de quelle façon je l'ai embrigadé, et je me vois le lâcher de plus en plus, le laisser avancer, cet enfant loufoque, qui veut aller à droite quand on lui demande d'aller à gauche. Aujourd'hui, comme je lui parlais de notre départ, dont il se doute et dont il n'a parlé à personne (sinon des élèves seraient venus me voir), j'ai réalisé sa force et son caractère. Il m'a impressionné. Il a envie de partir, "parce qu'ici c'est chiant", mais il n'en parle pas et n'a même pas l'air impatient de savoir où, quand, comment. Son flegme m'a stupéfiée. Il devient adulte.
Et je me suis tellement fait de souci, alors qu'il n' a aucun problème. Son écriture. Son ardeur au travail.
Son seul "problème", c'est l'écriture. C'est tout!
Je découvre que mon fils est un garçon formidable. Que je n'ai aucun souci à me faire.

Vie de bureau

Article génial sur la vie de bureau.
Du temps où moi aussi j'étais employé de bureau (ce temps fut bref), cela correspond exactement à ce que j'ai ressenti.
Voilà pourquoi je suis en rage quand on dit que les profs ne bossent pas, entre les dix-huit heures de cours durant lesquelles on bosse parce qu'on ne peut pas faire semblant et tenir vingt-cinq gamins, et les prépas ou corrections durant les quelles on ne peut pas faire semblant parce que si on perd du temps, c'est nous qui travaillons plus, donc il faut y aller à fond.
Il faudrait que j'arrête d'être prof, ou que je le sois moins d'heures, pour faire autre chose.
Mais "autre chose" sans collègue. Je veux travailler sans collègue.
Non parce que je ne veux plus être prof, parce qu'on est vraiment obligé de bosser, et moi je suis glandu je ne veux pas bosser!
Un travail cool, sans collègue, bien payé.
Tout simple.
Je m'y mets dès mon arrivée aux Hespérides.

Lectures

Saines lectures : je lis la vie des douze Césars, de Suétone.
J'ai acheté ce livre il y a peut-être vingt ans, ou vingt cinq ans. je l'ai lu avec ennui, et abandonné, mais je ne m'en suis pas débarrassée : ma fascination pour la littérature romaine est totale.
Je lis relis aujourd'hui, avec admiration. Les pages sur Tibère sont extraordinaires. Il me semble entr'apercevoir, derrière deux mille ans et les différences culturelles, un homme d'abord écoeuré de la lacheté des hommes politiques de son temps, cruellement déçu par l'évolution des institutions de la République Romaine, par la lacheté des sénateurs qui souhaitent lui voir prendre le pouvoir. Peut-être parce qu'il ne veut pas ce pouvoir, et avec, àla fois, l'ivresse que le pouvoir absolu peut donner, et le mépris de ses contemporains que son histoire personnelle a pu lui faire avoir, il devient peu à peu un autocrate tyrannique et injuste. N'oublions pas que les sénateurs n'aimaient pas qu'on les contraigne, et qu'ils ont été sévères avec les empereurs qui ne mettaient pas les forces démocratiques à leur pouvoir autoritaire (à la Auguste ou à la Marc-Aurèle). Je vois Tibère amer et peu soucieux des formes.
Il fuit sa mère, persécute sa famille et ses amis. Bon, à la romaine, il en assassine quelques uns. Le meurtre politique, rappelons-le, n'est pas tombé en désuétude partout : les Russes, ce me semble, le pratiquent encore. A part ça, la vie étant ce qu'elle est, moi je comprends Tibère. Qu'est-ce que c'est qu'un ami? Moi aussi j'ai des amis. Il n'y en a pas dont je n'airien à redire, et j'ai connu des gens dont le regard sur moi a changé avec ma situation professionnelle et celle de mon mari. Certes, j'assassine peu. C'est que j'ai derrière moi deux mille ans de christianisme et un certain assouplissement des moeurs sociales et politiques. Force m'est d'avouer que j'ai quelques meurtres dans le coeur. Je ne suis pas parfaite et des sentiments violents m'agitent. Alors, si j'avais été impératrice romaine....
Le récits des turpitudes de Tibère doit par ailleurs être critiqué, je ne sais plus comment, j'ai étudié cela il y a longtemps, mais critiqué. Les médisances et la désinformations sont vieilles comme le monde. Cela étant, on avait le supplice facile en ces temps. Quoique les vidéos qui ont circulée sur les sévices infligés aux prisonniers de Guantanamo nous montrent que lorsque les Etats ne s'obligent plus à suivre les règles démocratiques, la nature humaine reprend le dessus, et la nature humaine, on la connait.
Relisons un petit coup la vie de Tibère : elle nous parle aussi de nous et de notre époque.

Le pouvoir corrompt; le pouvoir absolu corrompt absolument.

29 mars 2007

Posséder

Cela revient à chaque déménagement.
A quoi suis-je attachée? A mes livres, et pourtant ils m'encombrent. A mes DVD, aux jouets des enfants, avec lesquels ils ne jouent plus.
Mais mes armoires sont bourrées de trucs inutiles accumulés.
Tout ce que je possède ne sert à rien. Au quotidien, je ne m'en sers que presque jamais.
A quoi cela me sert-il de posséder tout cela?
A part me prendre la tête avec un déménagement et des papiers.
Si je pouvais être plus légère...

28 mars 2007

Déménagement

Il va falloir déménager...
Et les emmerdes commencent. Car la situation de l'Ours, par la faute de ses employeurs, n'a pas toujours été claire (il a été sans papiers car son patron, pourtant apparenté au pouvoir en place, n'a jamais voulu lui faire un contrat de travail). Il commence donc à stresser au vu de la liste de papiers qu'on lui a remis et qu'il faut fournir, à commencer par les explications à donner au propriétaire pour lui faire déclarer notre contrat de location aux impôts.
Ici, quand tu arrives tu es pris au piège.
Il va surement falloir qu"on paie, mais on ne sait ni combien ni pourquoi ni à qui ni comment.
Et puis la visite à des fonctionnaires locaux, terrifiés par leurs chefs et se vengeant sur les usagers... sauf les "copains" - c'est horrible.
En plus, ici, il faut arriver en confiance, certain que la qualité de Français donne des avantages. Arriver avec une certitude intérieure donne plus de force. L'Ours est incapable de faire ça. Il a le respect atavique des autorités, mais comme ici les autorités se comportent comme des voyous, ça le met dans une situation insupportable. Je sens qu'il va stresser et quand il stresse il est odieux. Il hurle pour un rien. C'est dur. Moi, ça me rend très mesquine et je lui coupe la parole tout le temps. Le mieux serait que j'observe le silence.
Nous avons trop de choses ici pour partir les mains dans les poches, et pourtant. Il faut que j'y réfléchisse.
Les livres des enfants.
Les miens.
Les jeux des enfants.
Avant les Hespérides, ça va être dur.

27 mars 2007

Prof

La lecture de quelques blogs de profs m'accable complètement : qu'est-ce que je suis veinarde! En France, c'est mille fois pire!
Qu'est-ce qu'ils sont gentils nos élèves! Glandus, cools, mais gentils!
Songez que tous me saluent gentiment!
Si nous nous croisons, ils sourient, même si je suis une prof, je suis quand même plutôt leur copine!
Bref, ce sont des amours!
Voici un lien sur un blog de prof qui propose d'autres liens.

25 mars 2007

Dimanche, jour de lessive chez mes voisines

Observez bien. Les seaux sont des pots de peinture. L'eau est froide. Tous les matins, l'une de ces deux jeunes femmes vient se laver les pieds, les mains, la figure avant d'aller travailler.




En cliquant sur les photos on peut les agrandir.

Héraclite d'Ephèse

Les porcs préfèrent la boue à l'eau pure.
(Ce qui est bien, c'est qu'on peut interpréter à sa guise).

Les porcs (ὕες) sont plus (μᾶλλον) contents (ἥδονται) dans la boue (βορϐόρῳ) que (ἢ) dans l’eau (ὕδατι) pure (καθαρῷ). (Burnet, traduit par Samuel Béreau)

24 mars 2007

"La mentalité"

Hier, je suis allée voir une pièce de théâtre française proposée par l'IFC, elle s'était d'abord jouée dans le centre culturel local, puis dans un petit théâtre d'une ville voisine.
Il y avait dans la salle, sur les murs, douze affiches annonçant le spectacle.
Aucune affiche n'a été placée à l'extérieur.
Aucune.
C'est un aspect de la "mentalité" locale : surtout, ne laissons pas circuler l'information. Ici, la rétention d'information est systématique : on n'est au courant des évènements que par le fameux et très réel "téléphone arabe".
Vous me direz, je m'en fous. Je suis toujours plus ou moins au courant des trucs. Mais c'est une question de principe.
Cette façon de procéder fait que ceux qui sont au courant sont favorisés par rapport à ceux qui ne le sont pas. Et certains ne le sont jamais, bien sûr. Tandis que certains, toujours bien informés, sont toujours bien placés.
C'est vrai partout, mais ici c'est un mode de vie.

Ce matin je suis allée au marché...


... et j'ai pris des photos pour quand je serai en Syldavie si on y va, car la mémoire est fragile.

La plupart des femmes portent une tenue typique de la ville où se tient le marché. On voit beaucoup de femmes habillées de façon traditionnelle, soit folklorique soit couverte, mais je précise : très peu de foulard.
La plupart des femmes ici n'en portent pas, mais évidemment en photographiant le marché, je tombe sur des mères de familles qui ne travaillent pas et qui s'habillent plutôt à l'ancienne. Si j'avais photographié devant l'hypermarché, le look aurait été différent (j'irai le faire, tiens).
cela fait longtemptemps que je voulais prendre ces photos, mais je n'osais pas photographier les gens. Je suis contente de l'avoir fait, parce que plusieurs personnes m'ont souri, plutôt flattées d'être prises en photo - apparemment.







22 mars 2007

La minute culturelle

La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse,
Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,
Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.
Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,
Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres,
Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,
Certe, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,
A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps,
Tandis que, dévorés de noires songeries,
Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries,
Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,
Ils sentent s'égoutter les neiges de l'hiver
Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille
Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille.

Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir,
Calme, dans le fauteuil je la voyais s'asseoir,
Si, par une nuit bleue et froide de décembre,
Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre,
Grave, et venant du fond de son lit éternel
Couver l'enfant grandi de son œil maternel,
Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse,
Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse ?


Baudelaire, les Fleurs du Mal.

Prof 2

Article du professeur Carbure pour les profs.
Je suis d'accord. Note au passage : moi, je suis une vilaine. Je suis démotivée, alors je ne bosse plus (que 40 heures) mais pas plus.

J'improvise tout avant d'aller en cours, ou même pendant le cours.
Aujourd'hui j'ai fait bosser les quatrièmes sur la Révolution industrielle. Pendant que je leur disais de prendre leur cahier et d'écrire le titre, je cherchais de yeux un doc, je l'ai trouvé et j'ai enchainé sur la question (Quelles sont les causes de la révolution industrielle?), je leur ai donné le numéro du doc et ils ont fait trois questions dessus, en 10 minutes (chrono).Pendant qu'ils écrivianet je cherchais les autres dics et je me faisais le cours dans la tête.
Correction, puis rebelote avec unautre doc.
Ma méthode en ce moment : je pose une grande question, puis je vais de docs en docs avec pleins de petites questions. Quand on a à peu près fait le tour de la question, je rédige un cours en bonne et due forme.
C'est pas du tout les instruc' de l'IA mais j'emmerde l'IA je suis contrat loc.
Intérêt de ma méthode :

  1. Je ne prépare rien
  2. Ils bossent.
  3. Ils rédigent.
  4. Je fais mes plans de cours pendant ce temps-là.
  5. Bon, OK mes cours ça ne décoiffe pas mais qui s'en soucie? Ceux qui m'écoutent et apprennent leurs leçons, de toute façon ça leur profite. Ils doivent tous écrire et ça ne leur fait pas de mal. Et?
J'oublie un truc important : j'essaie d'être drôle et de faire rire les élèves.

Si quelqu'un a un truc à dire, sur mes méthodes, peuvent le faire, mais pas en vocabulaire d'IUFM, je n'ai pas fait l'IUFM je ne suis pas intelligente je ne comprends pas. je ne comprends que le français normal.

Syldavie

Je crois bien qu'on va aller en Syldavie.
Problème :notre niveau de vie va baisser. Bon, je suis prête à tout pour partir d'ici, mais ça me fait un peu peur.
Là-bas, nous habiterions une ville, avec métro, embouteillage, etc.
Une vie normale, quoi.
Ce qui m'ennuie, c'est le débat "si on vit comme à Paris, c'est aussi cher". Si c'est aussi cher, on va être dans la m...! Mais je crois pouvoir m'autoriser à interpréter ces remarques. Vivre comme en France, pour un expat, signifie consommer comme en France. Or, ici, par exemple, je ne consomme pas comme en France, et je ne veux pas le faire car je n'aime pas la société de consommation et les magasins débordant de trucs et de machins en France. Chaque fois que je marche dans la rue en France, je me demande si les Français ont vraiment une vie meilleure du fait de la surabondance de T-shirt, de chaussures, de manteaux, de pains, de biscuits. C'est difficile à expliquer mais cette opulence me parait excessive, vulgaire, un peu comme les enfants mal élevés de Charlie et la Chocolaterie. Trente marques de biscuits différents, c'est seulement pour enrichir les financiers qui sont derrière les marques, car à de très rares exceptions près (dont on peut se passer) ce n'est si pas bon. Une tartine de pain beurrée et sucrée tout juste passée au four, c'est meilleur pour moi et dans l'indigence des lieux où nous vivons j'y ai habitué mes enfants. Ou laors de la bête pâte à pain, étalée, sucrée et beurrée : toute fraîche sortie du four, c'est meilleur.
Donc, je n'ai pas habitué mes enfants à vivre à la Française, car vivre à la Française, c'est consommer et consommer c'est s'aliéner.
Après, je ne cesse de leur répéter que la poésie c'est beau et de leur lire des poèmes. Ils se bouchent les oreilles pour m'embêter, mais je sais qu'ils aiment bien certains poèmes.
Après, il reste le problème des DVD et PS2. Là, oups. Nous, je l'avoue, sommes consommateurs, parce qu'ici, ce sont des f**x et ça coute à peine 2 euros. Mais on va leur expliquer que ça va se terminer, et puis s'arranger avec quelqu'un si possible pour nous faire un ou deux envois (?).
On ira dans les parcs et dans les musées. On ira aux activités du centre culturel français.
Bref, je pense qu'en continuant de vivre comme nous vivons, c'est à dire à la semi-française, ça ira.

18 mars 2007

Pan Spechi vs Replicant

Quand je tape "pan spechi egostasé" sur Google, rien ne sort.
Alors que tout le monde sait ce qu'est un Replicant.
Comme quoi, comme me l'avait dit un copain, Herbert était plus chiant que Dick (alors que Dick m'a toujours paru plus littéraire, mais en fait Herbert est inadaptable et difficile à digérer).
Toujours est-il que de liens en liens je tombe sur un article sur Gabriel Matzneff, dont j'avais acheté quantité d'ouvrages quand j'avais 14 -15 ans, fascinée que j'étais par ses pérégrinations, avant de le trouver fatigant d'égocentriste et de suffisance (en plus de son goût pour les donzelles tête-à-claques).
Dans son journal apparaissait aussi un type affreux, qui allait draguer et photographier des petits garçons en Thailande, prétendant que ces pratiques étaient culturelles dans le pays, donc excusables. Je n'étais pas choquée lors de mes premières lectures, au contraire, je trouvais cela rafraichissant : un beau type qui draguait les jeunes filles, et qui en faisait tout un plat, avec un certain talent, une grande culture et une élégance séduisante. Moi non plus, je ne voulais pas vieillir. Mais certaines remarques, comme les pratiques du vieux type, m'ont choquées, au bout d'un moment, et j'ai décidé de tout balancer à la poubelle (pas de vendre, ni de donner : poubelle).
Et il a même un site???
Avec qui est-il copain pour ne pas être poursuivi?
Un message sur lui dans un blog livre une analyse non dénuée d'intérêt, mais quand même complaisante... Mais Matzneff me dégoûte toujours (ce qui est fou c'est que je l'avais oublié, alors qu'il y avait vraiment une époque où je ne jurais que par lui).
En plus de ses obsessions sexuelles artistiquement décorées mais prosaïquement répugnantes, il a aussi un égocentrisme d'enfant gâté. Au début, je trouvais cela très libre d'esprit : le principe consiste à dire de tas de trucs choquants, et ensuite : "Ah! Vous êtes choqués, donc vous êtes idiots" mais naturellement c'est mieux formulé. De nombreux écrivains peuvent être séduits par cette rhétorique facile et agréable. Attention, si on est jeune et de banlieue, et qu'on brûle une voiture, ce qui est moralement moins grave que d'aller tripoter des petits garçons en Thailande, bien que socialement plus gênant, on ne peut dire à la police ou au juge : "Ah, je vous ai choqué? Alors, vous êtes cons."
Un site moins positif sur lui que l'autre (parce que plus j'y pense, plus ça me bouleverse - et dire que je l'avais oublié, cet auteur - on est vraiment bizarre quand on est ado).

Gérer le bleu

Une femme accoudée à une table, dans un restaurant, près d'une fenêtre.
Elle attend.
Foule autour d'elle, elle ne voit rien, plongée dans ses pensées.
Ambiance bateau-lavoir, fin XIXème, début XXième.
Une peu ronde, épaule carrées, adoucies par une robe bleue à manches ballon, un chemisier blanc.
Manches relevées, avant-bras solides, roses, mains rougies, de travailleuse.
Visage rond, cheveux tirés en arrière avec quelques mèches qui s'échappent.
Regard plongé en elle, dirigé sur ses mains, nerveusement, consulsivement, tordues.
L'homme arrive, mal à l'aise.
Elle se lève soulagée et son regard s'écrie.
Il s'assied sans vraiment la regarder.
Silence. Elle comprend et se décompose.
Elle le regarde.
Il baisse les yeux. Elle se lève, d'un pas lourd, sans élégance, et s'en va.

17 mars 2007

Balkany

En essayant de faire une recherche sur des hommes politiques du 92, je suis tombée sur une vidéo.
Je mets le lien Daily Motion. Est-ce ça va marcher?
Je dois dire que je me demande si ce n'est pas un canular.
(Enfin, Patrick Balkany, homme politique d'une moralité douteuse, a été piégé, mais est-ce vrai? Ou bien at-il été doublé? ce qu'il dit est si énorme que j'ai du mal à croire qu'il puisse dire ça. En plus c'est idiot et pas politique, quelle que soit son opinion, il ne peut la formuler si grossièrement.)
Enfin Chirac, de passage ici, avait dit des trucs assez énormes aussi...

C'est ainsi que les hommes vivent


Ce texte est extrait des souvenirs d'un général d'Empire. Mon propos n'est pas en lui-même antimilitariste. Je ne suis contre ou en faveur de rien, je suis seulement accablée par les gens.
Lisez tout jusqu'au bout.


"Vers le milieu de janvier 1812, le général Conroux qui avait remplacé le général Ruffin dans le commandement de notre division, reçut l'ordre de la porter, par Arcas et Bornas, à Villa-Martin, dans la direction des montagnes de Ronda, afin de faire face à un corps espagnol très-nombreux, sinon très-redoutable, que commandait Ballesteros. Là, nous occupâmes une assez forte position dont nous fîmes, à l'aide de quelques ouvrages de campagne, une espèce de camp retranché ; mais, ayant bientôt épuisé toutes les ressources de la petite ville de Villa-Martin et de la campagne environnante, le général Conroux éprouva les plus grands embarras pour nourrir sa division: obligé d'aller au loin chercher des vivres; il organisa, à cet effet, un fort détachement composé de compagnies d'élite, qu'il chargea de battre le pays d'alentour et qui, au bout de trois ou quatre jours de marche, revint amenant avec lui un troupeau de boeufs et de moutons assez nombreux; mais, à peine ce troupeau parut-il aux avant-postes, qu'une foule de nos soldats sortirent de leurs bivouacs et se mirent à le piller, chacun emportant son mouton sur ses épaules.

Le général Conroux, averti de ce désordre, monta à cheval, fit battre la générale et prendre les armes à la division tout entière; chacun crut à une attaque de la part de l'ennemi et courut en toute hâte à son poste, mais nous fûmes bientôt détrompés. Le général Conroux, qui, comme son prédécesseur, était d'une taille élevée et d'un aspect très-imposant, se porta à la tête des troupes rassemblées et demanda si on avait arrêté quelques-uns des soldats qui avaient pillé le troupeau ; on répondit que personne n'avait été arrêté; il demanda, alors, s'il n'y avait point en prison quelques maraudeurs arrêtés les jours précédents, et, sur la réponse affirmative qu'il reçut des chefs de corps, il ordonna qu'on désignât immédiatement, parmi ces maraudeurs, celui qu'on jugerait le plus mauvais sujet d'entre eux.

Après que les adjudants-majors des divers régiments se furent consultés les uns les autres, on s'accorda à reconnaître qu'un malheureux soldat de mon régiment, dont j'ai oublié le nom, étant le plus souvent puni, pouvait passer pour le plus mauvais sujet d'entre les détenus...

Qu'on l'amène, cria le général, et qu'on le fusille à l'instant !... On alla le chercher à sa prison, et l'on peut juger de sa stupeur quand, arrivé sur le terrain, on lui annonça qu'il allait mourir ! Il avait, la veille, été condamné à quelques jours de prison pour maraudage, et il ne devait certes pas s'attendre à ce que cette peine se changeât tout à coup en un arrêt de mort ! Je le vois encore, se jetant à genoux devant le général, en criant : Grâce ! grâce ! mais celui-ci demeura inexorable.

On commanda un peloton pour l'exécution, et le malheureux, quelques instants après, tombait percé d'une douzaine de balles. Or, chose inouïe, il n'y avait eu ni convocation ni jugement d'un conseil de guerre; c'était sans formes ni procès, c'était de son autorité privée qu'un simple général venait de faire exécuter, à mort, un soldat français, et qui, plus est, un soldat évidemment innocent du fait qu'il s'agissait de punir, puisqu'il était déjà en prison au moment du pillage du troupeau, et n'avait, par conséquent, pu prendre la moindre part à ce pillage !

Il semble qu'un pareil acte aurait dû exciter un soulèvement général parmi les troupes qui en furent témoins ; mais non, personne ne bougea, personne ne souffla mot, et nous défilâmes dans le plus profond silence devant le cadavre du supplicié. Je crois même devoir ajouter que l'effet fut bon sur l'esprit des troupes, sans rien faire perdre au général Conroux de l'estime et de l'affectueux dévouement qu'il avait déjà su nous inspirer depuis le peu de temps qu'il était à notre tête. Ce fut là, cependant, il faut en convenir, un de ces actes de sévérité que peu de chefs voudraient avoir sur la conscience, quelque justification qu'on y puisse trouver dans la gravité des circonstances et la nécessité où s'était trouvé le général de faire un exemple; et encore, peut-on dire qu'il y avait danger qu'il manquât complètement son but, en risquant d'exciter une sédition des plus sérieuses. En effet, l'on peut croire que pareille chose ne réussirait pas toujours ainsi, et le général Conroux, lui-même, dut s'estimer heureux de trouver dans ses troupes une aussi complète soumission à ses ordres illégaux, soumission qu'il n'aurait peut-être pas été prudent de mettre une seconde fois à l'épreuve."

Général Girod de l'Ain
Dix ans de mes souvenirs militaires
de 1805 à 1815
Paris, 2000, à la Librairie des Deux Empires

Cultures du monde

Préparation de la harissa (la harrissa dit arbi, soit maison, fraiche et non en conserve, c'est excellent). La harissa de base, c'est mauvais et ça arrache, sans goût.
Les mamas préparent, en saison, la harissa pour l'année. Une consommation excessive de harissa est cause d'ulcères de l'estomac en nombre en Ifriqya.

Bisounours/Blog sans Bisounours

Sur l'un des blogs que je lis le plus régulièrement, je viens de tomber sur un message, un article, un post, je ne sais jamais comment ça s'appelle, un texte - absolument génial.
Bon alors d'abord je mets le lien (trois quart d'heure - l'informatique c'est chouette mais c'est quand qu'il suffira de souffler dessus pour que ça marche plutôt que de faire des trucs énervants avec la souris?). LIEN.
En plus le titre évoque le De viris - dès que je vois un truc qui évoque le latin, tout me revient : les cours que je n'ai pas suivi dans des grands lycées parisiens, et - oh, trop compliqué à expliquer.

Présentation du doc (comme je fais avec mes élèves) : Ce texte/article/ message/post (j'ai toujours l'impression qu'il existe un mot adéquat mais mon cerveau, dégénérescent, refuse de me le communiquer) a été rédigé par Swami Petaramesh, tenancier?/Propriétaire?/Rédacteur?/Intervenant?/Auteur (ça y est - j'ai du mal, hein) de l'excellent-succulent-truculent-triste-drolissime blog Ashram de Swami Petaramesh, le 26 septembre 2006, en France (quand vous ne connaissez pas le lieu précis, vous généralisez) pour évoquer une catégorie de personnes particulièrement pénible, les Bisounours.
C'est la présentation de base. On peut, tout en gardant les infos (Auteur date lieu type doc thème doc), faire plus subtil. Mais pas aujourd'hui parce que je suis fatiguée.

Analyse. Swami commence par donner une définition du Bisounours, avant de dénoncer les méfaits du Bisounours en colère.

Eh bien, je viens de comprendre plusieurs trucs. D'abord je suis un Bisounours. Pas sur internet, parce que je ne l'ai pas conçu comme ça, mais dans ma vie d'expat. Je suis un exact bisounours.
Comme j'ai des côtés "Pas Bisounours", je ne me sens pas entièrement bien dans la peau du bisounours, mais c'est une sorte de tendance forte chez moi de rechercher, pour combler un mal être sur l'origine duquel je ne reviendrais pas aujourd'hui, des amitiés molles et cucul telles que décrites dans le dit article/message/post/texte.

  • De nombreux posts du bisounours semblent tournés vers l'extérieur, mais, à le lire pendant un certain temps, on remarque assez vite que chaque bisounours porte en lui une profonde souffrance, un profond mal-être, une mauvaise image de lui-même ("low self-esteem", écris-le comme ça, tout de suite, ça fait riche ;-) [3] et que c'est là le moteur essentiel qui le pousse à tenir un blog et à faire partie d'une tribu de bisounours. Bien sûr, de nombreux autres blogueurs ont aussi des blessures (ça n'a rien de particulièrement original), qui sont également souvent le principal moteur qui les pousse à écrire, mais ils n'en sont pour autant pas tous des bisounours, loin de là.[4]
Alors moi j'ai réussi, depuis plusieurs années, à améliorer mon problème d'estime de moi. Je me trouve personnellement géniale, mais je vois aussi que je me laisse aller : les expats sont intellectuellement médiocres, donc rien qu'en disant : "Proust" ou "Rastignac" ou (plus fort) "Demain dès l'aube" ou (encore plus fort) "Furtiva lagrima", on a déjà l'air tellement intelligent que ça ne me donne pas envie de vérifier l'année de naissance de Chateaubriand ou de faire une recherche sur les BO de Woody Allen. (Chateaubriand n'est pas l'auteur du poème qui commence par demain dès l'aube; en revanche Woody Allen a mis "una furtive lagrima" dans la BO de match Point).
  • Le bisounours, qui est malheureux et peu sûr de lui, a besoin de se sentir aimé, apprécié et entouré ; il recherche les strokes positifs.
Oui. Mais maintenant moins, mais quand même.
  • D'où l'utilité de sa tribu de bisounours-amis, qui viennent lui déverser des tombereaux de fleurs-commentaires pour lui dire combien le bisounours est un être trop beau, trop gentil, trop plein de talent, trop unique et trop exceptionnel tout ça. A charge de revanche bien entendu, et le bisounours s'empressera toujours d'aller rembourser son bienfaiteur virtuel en lui déversant plein de strokes positifs, également, en veux-tu en voilà.
Bon dans mon cas il ne s'agit pas de commentaires mais de discut' au téléphone ou en face à face et pas pour me dire que je suis bien mais pour avoir l'impression que je vis entourée de gens intelligent et primesautiers comme ceux que je fréquentais quand j'étais jeune.
  • Il faut dire d'autant plus de gentillesses au bisounours et lui faire d'autant plus de bisous, qu'il se sent laid(e), moche, bête, con(ne) et nul(le). Bien sûr, le bisouiller ne lui fait aucun bien sur le long terme ni ne l'aide à résoudre le moindre de ses problèmes, mais sur le court terme, ça le réconforte, et il est là parce qu'il veut des bisous, quoi, merde ! M'enfin...
Plus j'ai l'impression que je m'ennuie dans un pays pourrave peuplé de crétins pompeux, plus j'ai besoin de m'entourer d'une collec' rassurante de personnes mieux que ces crétins. Cela ne me fait aucun bien et plutôt que de vivre ma vie et de l'assumer, je passe le temps en activités improductives mais qui me donne le sentiment de n'être pas toute seule. Je suis toute réconfortée.

Et c'est là que ça merde. Tôt ou tard ça craque et je découverte le vide des gens, parce que les gens qui partagent avec moi ce type de relations ne peuvent qu'être vides. Leur vide a des aspects variés, mais il a toujours un caractère angoissant.
Et là je me dis que si j'avais fait un truc qui m'intéresse vraiment, comme de relire Tite-Live dans le texte (comme ça, après j'aurais de quoi me sentir intelligente, en plus, plutôt que de me dire que vu comme mon voisin est ignare, je ne peux qu'être plus maline que lui) ou d'apprendre l'arabe, j'aurais pas perdu mon temps en relations humaines foireuses, et qu'en plus en faisant l'activité en question j'aurai peut-être rencontré quelqu'un et que j'aurais peut-être créé une vrai relation authentique, limitée à l'activité en question mais authentique quand même, et non pas ces relations baties sur du vent et qui m'explosent toujours à la figure.

Lire Swami est toujours une source de réflexion pour moi mais celle-là est venue à point nommé. Cela étant, je me suis mise à l'arabe, justement, et je ne vois plus grand monde.
Mais si on change de crèmerie, il faudra que je sois vigilante. Je me connais.

15 mars 2007

Bizarre autant qu'étrange

Moi qui ai passé un week-end assez dur, avec pensées à propos de ma soeur (une sorte de poison mental pour moi) et conversations perturbantes avec futures psy pas très pros, j'ai passé un début de semaine et surtout un lundi matin incroyable.
Bon, le matin, courses, voiture tape-cul (si quelqu'un, un jour jour, veut s'acheter une voiture inconfortable et malcommode, je lui recommande le Suzuki Vitara - par contre, tout casse, mais pas le moteur : 169 000 km), je sors sur le trottoir devant le collège, je pose tout mon barda, je relève le siège pour que les trois zozos de l'arrière descendent, je rentre dans le collège et je retrouve l'allée de dalles mosaïques, bordée d'arbres que j'emprunte tous les matins et je me sens chez moi (? d'où vient ce sentiment??). Je souris pour moi-même à la pensée de la comédie sociale que je vais jouer comme tous les jours et qui me fait rire. C'est facile de vivre : tous les autres vous portent, ils s'attendent à vous voir faire certaines choses et parfois il est plus économique de le faire. Ce lundi, en arrivant en haut des marches je riais carrément. Tout me paraissait si facile dans ce jeu, alors qu'il y a des jours où ça me pèse.
Résultat : je suis dans une forme éblouissante, j'adore les élèves et je m'éclate avec eux.
Bon, il faut dire aussi que l'année est presque finie. On est le quinze mars, vacances dans cinq semaines avec deux longs week-end entre deux, et après les deux semaines de vacances, il nous reste quatre à cinq autres semaines. Après les conseils je ne fais plus rien, c'est clair. Il fait trop chaud, les élèves arrivent épuisés et transpirants dans les classes.
Je veux terminer mon année cool mais je vais passer deux semaines à bosser dur : fin de corrections, bulletins à remplir pour sept classes, paperasse de merde qui prend des heures. Et après je prépare la sortie, des questionnaires jeu pour trois sites archéologiques. Et je fais mes films avec un logiciel pour faire des films. Pour les élèves.

Il faut dire qu'en plus de l'Espagne on a un plan potentiel pour un pays d'Europe de l'est, l'Ours part dimanche pour un entretien d'embauche, en avion et tout (parce qu'à pied cela faisait long).

Je crois qu'on est bon pour sortir de prison!!!

12 mars 2007

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11 mars 2007

Mary Shelley (culture, suite)

Au fait, pendant que je tape, il y en a des qui regardent la TV.

Un film avec De Niro qui s'apelle Frankenstein.

Je suis pas tout mais il y a un mec qui a du mal. On sait pas s'il va s'en sortir, la musique est dubitative.

Frankenstein, c'est le docteur, et ce qui fait peur, c'est son monstre (De Niro joue le rôle du monstre, qui a des sentiments compliqués pour un monstre on dirait).

Là c'est l'agon, le passage où ils parlent (il y a toujours un moment comme ça dans les films américains, comme dans les tragédies grecques).

En fait je me la joue, l'agon dans les tragédies, ça met les héros en scène, c'est le grand moment. Moi je pense au moment des films américains où la musique ralentit et où ils se disent qu'ils s'aiment, des trucs comme ça, et on sait que juste après, ça va merder grave. C'est pas le grand moment parce que le grand moment c'est quand ils se battent avec des trucages, le moment où ça a coûté cher.

Parce que le moment où ils parlent, dans les films américains, il faut être idiot pour regarder: ils choississent pas leurs acteurs pour parler, déjà, et puis à part Woody Allen, ils n'ont rien à dire, sauf des gros mots ou des cris (là, par exemple, il y en a un qui crie - normal, il y a cinq minutes, c'était la scène où ils parlent).

Bref, m... je suis trop bavarde.

Voilà ce que je voulais dire:

(Je vais prendre un registre plus digne).



L'auteur de Frankenstein, oeuvre littéraire ôcombien adaptée au cinéma, est une jeune femme d'un vingtaine d'année, Mary Shelley, née dans un milieu intello anglais, épouse du poète Shelley, et copine de Lord Byron, personnage par ailleurs peu fréquentable. Je me suis toujours demandé s'il avaient couché ensemble, à deux ou à trois et je n'ai jamais cherché.

Elle était tombé chez sa belle-mère sur une lettre d'un des frères Grimm (compilateurs de légendes allemandes) qui parlaient d'un alchimiste mal famé. Au cours d'une discussion littéraire (il y en a, ils vont en Suisse et le soir, plutôt que de regarder la TV qui le fait est n'existe pas encore - dans le film, le docteur crie encore, je l'avais bien dit qu'il avait du mal, moi je dis, il avait qu'à ne pas jouer à Dieu, c'est comme ça - plutôt dis-je que de regarder la TV ils ont des discussions littéraires et Mary Shelley, plus jeune que les deux mecs de 5 et 8 ans leur donne l'idée d'un homme qui crée une créature avec le feu du ciel).

A la télé il y a un bruit de tempête. L'heure est grave, les mecs, ça a pété.

Bon. Les mecs, on sait pas ce qu'ils lui disent. MAis même s'il y a plein de femmes de lettres en Angleterre à cette époque-là, moi je dis ils se foutent un peu d'elles, non? Ouais, ouais, ton histoire c'est tiré par les cheveux, non mais oh mais n'importe quoi eh la anan un mec qui crée une créature avec le feu du ciel non mais eh quoi.

Bref elle écrit son truc discrétos parce qu'elle a peur que son mari se foute d'elle et elle le publie anonyme parce qu'elle est la femme d'un poète et son histoire ça fout la honte, non.

Et voilà comment on invente la SF moderne à 20 ans.

Si c'est pas exact je m'en fous.
Je n'ai pas réussi à prendre un ton plus digne.

Je vais me coucher. Je mets une image pour que vous voyez à quoi ressemble le premier écrivain de SF.



Un peu de culture



En 1914, en Italie, le film Cabiria sort sur les écrans. Guiseppe Pastrone en est le réalisateur, Gabriele d'Annunzio en a fait les intertitres, tout en revendiquant la paternité du scénario, en fait rédigé par Pastrone.

Ce film est capital dans l'histoire du cinéma, mais il faut l'évoquer aussi en rapport étroit avec l'histoire de son époque.


Cabiria, un film italien nationaliste ?


N'allons peut-être pas trop loin, mais bon. On est en pleine période nationaliste et l'Italie, ne l'oublions pas, a des colons en Tunisie (environ 100 000 en 1910) et des vues sur la Libye (la Tunisie étant devenue protectorat français).

Cabiria raconte l'histoire d'une jeune esclave grecque de Catane en Sicile, enlevée par des pirates carthaginois, et tout juste rescapée d'un sacrifice à Moloch, grâce à l'intervention d'un jeune romain, Fulvius Axilla. Au passage, sachez que l'esclave de Fulvius Axilla s'appelle Maciste. Péripéties diverses et à la fin ils se marient, ouf (Cabiria et Fulvius, pas Maciste - pas les esclaves, enfin). On surfe sur les liens entre Carthage et Rome, la Tunisie et l'Italie.

Le film met en scène Archimède, qui invente les miroirs ardents pour incendier la flotte romaine, Hannibal passant les Alpes avec ses éléphants. Le film durait à l'origine 4 heures. 20 000 m de pellicules furent utilisées, pour en garder dans les 4 000.

Pastrone est un ingénieur des studios de cinéma, c'est lui qui écrit le film, mais il fait appel à d'Annuzio, poète, mais aussi nationaliste, alors réfugié à Paris et criblé de dettes, pour lui peaufiner le texte.

Le film sort en 1914. La date rappelle quelque chose à quelqu'un?


Cabiria, chef d'oeuvre du cinéma


Cabiria fut un immense succès et aujourd'hui encore le film est considéré comme un chef d'oeuvre. Il inspira entre autre David W. Griffith, pour Intolérance.

C'est Pastrone qui a tout inventé du film et du film historique : entre autres les décors en réel, et pas les décors peints, et le travelling.

Est-ce que Griffith a pensé à lui en réalisant Naissance d'une Nation, déjà? Je ne suis pas assez spécialiste pour le dire.



Voilà. Un film qu'on ne connait pas. En tout cas moi je ne connaissais pas. J'aime bien le cinéma, mais les vieux films historiques, honte sur moi, ça m'emm...

Intolérance, je l'ai acheté depuis 10 ans, il est dans mon armoire, je l'ai toujours pas vu. Je connais ce film à cause d'un film des frères Taviani que j'ai vu dans ma jeunesse où je voyais des films, Good Morning Babylonia.


J'étais bien quand j'étais jeune. J'allais dans les cinéma du 5è et du 6è, les Action Christine, Gitanes et tout et tout.


Voilà ce qui arrive quand on s'exile au bout du monde dans des pays tout pourris pleins de Français rasoirs. On ramollit du cerveau, moi je dis.


Allez, une autre affiche (je suis super jalouse de KA et de Tita).

J'explique : ils mettent toujours plein d'images chouettes.


Ch'est biau, non?

Télécommande

Je ne regarde presque pas la télé, mais mon mari, si.
Cet après-midi, il a somnolé, comme tous les dimanches après-midi, devant la télé, zappant de temps en temps.
C'est un truc dont j'ai horreur. Les dimanches après-midi mous, à zapper.
Parfois, je me lève tôt le dimanche, je fais plein de trucs le matins, comme ça l'après-midi, je bouquine-sieste avec bonne conscience. Mais aujourd'hui j'ai été molle le matin alors j'ai voulu travailler et j'ai eu conscience de cette télé tout l'après-midi.
Il zappe, je sais, c'est son jour de congé, il n'en a qu'un, on n'est pas en Europe.
J'ai eu une période où je lui gérais sa vie sociale, mais là j'en ai marre, on sort moins, on n'invite personne (depuis un mois).
Résultat : dimanche après-midi endormi devant la télé, à zapper.
Aliénant. Il ne sait faire que trois choses : travailler, dormir et zapper.
Bon, je finis de bosser, ça me sortira de cette impression de vie pourrie qui me gagne.

Enfants

C'est un sujet dont je ne parle que très peu.
Mes enfants.
D'ailleurs je n'ai pas envie d'en parler, enfin pas aujourd'hui. En fait je veux rebondir sur ce que j'ai lu chez Sophil de l'eau.
Ce que j'ai lu m'a tellement fait penser à mon cas que je veux en parler.
Commençons par le début.
Le début c'est qu'on aime ses enfants, on les aime tellement qu'on veut tout bien et tout beau pour eux. Moi quand il était en, disons, GS, il n'était pas en France et il en était à son deuxième système scolaire. Je lui faisais faire plein d'exercices. Si vous saviez comme j'en ai honte maintenant!!! J'ai fait mille fois pire que Sophie, je le faisais travailler trois fois dix à vingt minutes par jour, en plus de l'école. Ce n'est pas beaucoup, me disais-je. Ce n'est pas une question de temps, en fait. C'est une question de principe. L'ai-je laissé se débrouiller? L'ai-je cru capable de gérer lui-même, avec l'intelligence qu'il a, ses apprentissages? Non. je criagnais qu'il lise mal le français et je lui faisais faire de la lecture en frnaçais, avec une bonne méthode, ancienne.
Il savait lire à cinq ans. Il s'en foutait, il ne lisait pas, mais il savait.
Il est arrivé ensuite en CP dans le système français et je l'ai laissé tranquille, du reste c'était très dur de le faire travailler car il s'y refusait. Il n'a pas lu très brillamment, il savait lire mais il s'en foutait et il a progressé tranquillement comme s'il n'avait rien su parce que comme je ne le faisais plus travailler il avait toutoublié, non pas tout, disons que ça s'était enfoui en lui mais c'est revenu et, bon il a su lire en décembre mais ça ne l'a pas pour autant intéressé.
J'ai alors arrêté de le faire travailler, j'ai juste suivi les devoirs.
CP OK, CE1 OK.
CE2 : une mère française du pays où je suis actuellement vient me voir et me demande ce que je pense des méthodes du maître de mon fils "parce qu'elles sont plusieurs mamans qui s'inquiètent".
De quoi. dis-je.
Des méthodes.
Mais qu'est-ce qu'elles ont les méthodes?
Air suspicieux de la maman. Est-ce que je sais au moins ce que mon fils fait en classe? Non, parce que pour une enseignante, tout de même, hein.
Je lui dis pas que je ne suis pas une enseignante, c'est juste la fonction que j'exerce là, mais je ne me sens pas enseignante, je m'en fous que les élèves apprennent ou pas.
La mère se rend bien compte que je ne sais pas trop ce que fait mon fils. Moi je rentre chez moi et dès que je peux je regarde les cahiers, et là je vois qu'il écrit super mal et que son orthographe c'est n'importe quoi.
Et là je panique (c'est vraiment horrible) et je le fais travailler.
Et je rentre dans les conflits perpétuels, l'horreur. Le premier réflexe de mon fils en rentrant de l'école n'est pas de faire ses devoirs mais de regarder la télé, puis de faire n'importe quoi mais pas ses devoirs et à neuf heures si on le laisse il est crevé et bon à rien.
En tout cas je me raidis et j'essaie de lui faire recopier jusqu'à ce que tout soit bien, je pars du principe que tout doit être bien su, bien clair, un mot mal orthographié doit être réécrit jusqu'à ce qu'il soit compris et mon fils peut récrire un mot quinze fois avec des orthographes différentes à chaque fois, petit, ptiit, peiti, petti, peti, ptit, etc.
Je vais demander à l'enseignant s'il n'est pas dyslexique, enfin dysorthographe?
Non, dit l'enseignant mais il est distrait et pas très attentionné, il faut qu'il se concentre.
Je vois bien les effets de sa légèreté d''esprit à la maison.
Il n'y a aucun progrès au fil du temps, c'est moi qui progresse : j'apprends à rester calme, j'apprends que les enseignants sont nuls pour repérer les dyslexiques, je lui fais faire des exercices autres.
Je vois bien à quel point il est rapide d'esprit, et distrait, à quel point il comprend vite, et se déconcentre très vite, capte deux ou trois choses en même temps.
Je me regarde aussi et je vois mon inquiétude. L'énormité de mon inquiétude.
Alors que tout le monde me dit que mon fils est formidable, qu'il sait plein de trucs, s'intéresse à tout, qu'il est cultivé (quand on me dit cultivé j'éclate de rire et je répète : cultivé???? Lui???).
Je finis par me voir, par percevoir mon manque de confiance en lui, mon inquiétude qui me masque tout.
Depuis un an j'essaie de le regarder lui, pas celui que j'aurais voulu qu'il soit (littéraire, latiniste....), et ce que je vois me rassure finalement.
Malgré l'orthographe, malgré la médiocrité des résultats. Un résultat n'est qu'un résultat. Moi qui suis maintenant son prof, je l'ai vu, devant moi, rater un contrôle dont il connaissait parfaitement la leçon. Quel est mon but : qu'il sache ou qu'il ait de "bonnes notes"?
Il est gai, il rigole tout le temps, connait toutes ses leçons (mais pas le jour des contrôles).
Maintenant je m'en fous.
Mais attention. J'ai réalisé (à temps j'espère) que son écriture et son orthographe devaient être relativisées. Que de toute façon il refusait de travailler avec moi (et maintenant je pense : heureusement qu'il refuse! Il est lui, il doit gérer sa vie!).
Bon. Mais puis-je le laisser jouer toute la journée? Regarder la télé? Puis-je le laisser ne pas faire ses devoirs?
Non. Alors voilà ma méthode.
Je ne vais pas travailler avec lui (sauf s'il me le demande). Il se débrouille. Il fait ses devoirs, me les montre, de loin, je ne vérifie pas leur propreté, ni leur justesse, ni rien, juste qu'il les a fait. Je lui laisse du temps pour apprendre ses leçons. A peine entre-t-il dans le bureau qu'il en ressort. Il sait tout, en deux secondes. Je lui explique courtoisement que je ne veux pas me mêler de sa vie mais qu'il n'a même pas eu le temps matériel d'ouvrir et de refermer un classeur.
Mais je sais déjà tout, dit-il.
Ah, d'accord. Alors dis moi juste à peu près de quoi il s'agit.
Ah mais je ne le sais pas par coeur.
Pas de problème, dis-le moi comme tu veux, dessine le, chante-le mais dis moi de quoi parle ton cours.
Parfois il refuse et persiste obstinément : Je connais mon cours mais je ne sais pas comment le dire. Mais je te jure je sais tout.
Parfait, dis-je, mais si tu ne peux me le dire, moi je considère que tu ne sais rien, alors tu ne joues pas à la play.
Alors il ne joue pas à la Play. Il pleure il tempête il gémit mais il ne joue pas.
Il va prendre le classeur, ergarde son cours et revient me le jeter à la figure. Voilà! J'ai lu mon cours! Tu es contente?
Non, je ne demande pas de le lire, mais de le connaître.
Argumentatif : puisque je l'ai lu, je le connais.
Professionnelle : pas du tout, ça n'a rien à voir. Dis-moi de quoi ça parle?
Mais je ne sais pas comment te l'expliquer!!! Mais je le connais. Je l'ai lu. Tu veux que je le relise?
Quand tu es dans cet état d'esprit, tu peux le relire mille fois, tu ne le sauras pas.
Mais je veux jouer à Jak3.
Ecoute, j'ai le repas à préparer. Si tu ne veux pas apprendre ton cours, ne l'apprends pas, mais je ne peux pas te laisser jouer. Tu comprends, je ne peux pas t'élever en te laissant croire que quand on ne travaille pas on joue. C'est contraire à mes principes.
MAIS J'AI LU LE COURS.
Tu l'as lu mais avec colère, il faut que tu fasses l'effort de te concentrer. Il n'y a rien dans ton cours, si tu le lis trois fois en te concentrant tu le sauras.
Mais je le connais.
Dis-moi de quoi ça parle.
Je ne peux pas, mais je le connais.
Etc.
Il a eu huit au contrôle et je suis restée zen.
Mais il n'a pas joué.
Ce que je ne peux pas faire, c'est le laisser être paresseux et mal travailler, et ensuite le laisser jouer. Mais ce que je ne fais plus, c'est le faire travailler.
Parfois, ilo sait m'expliquer les leçons, il les lit et les comprend vriament, il m'explique les pièges, les trucs.
Parfois son esprit se bloque. Je le laisse, mais je lui interdis de jouer, il me semble que c'est cohérent. Il a le droit de lire ou de dessiner, mais c'est tout.
Mon seul objectif est de lui faire comprendre qu'il faut travailler (dans le sens: faire des efforts) pour obtenir une récompense.

D'autre part je lui ai lu plein d'histoires, il adore ça, j'essaie de lui montrer des choses, pour développer sa curiosité et son intérêt. Je l'ai toujours fait. Mais j'ai cessé de croire que les mots devaient être écrits sans faute, que les exercices devaient être refaits.

En tant que prof je sais que c'est le désir qui fait bosser les enfants : désir d'être le meilleur chez certains, désir de perfection chez d'autres. Désir d'apprendre, désir de savoir, toutes sortes de désirs, mais pas la contrainte.

Pourtant la contrainte a sa nécessité car il y a des enfants qui ne travaillent que contraints.
Donc il faut contraindre au travail, sans faire par erreur passer le message : je veux que tu aies de bonnes notes ou je veux que tu sois parfait. Suis-je claire? Il y a un travail minimum à fournir, mais c'est tout. Au delà de ce travail minimum, il n'y a rien à exiger.
De même de mon côté : il y a un minimum de jeu à faire pour un enfant, il a une DS, il doit y jouer, il doit s'amuser. C'est normal. Mais pas au delà d'une certaine quantité.
De même pour, je ne sais pas, les bonbons ou la nourriture. Il faut lui donner à manger. Mais il n'y a aucune raison qu'il soit nourri d'aliments plaisants pour lui, exclusivement, il lui faut des choses qu'il aime, mais pas uniquement.
J'essaie de les fiare vivre dans un monde comportant des jeux, des distractions, mais pas tellement, pour qu'ils aient envie d'en avoir plus.
Tu veux plus de choses agréables? D'accord. Que vas-tu faire pour les obtenir? Car ça n'est pas moi, ta mère, qui vais te fabriquer ton plaisir. Moi, je gère ma vie. Apprends à gérer la tienne.
Donc, j'essaie de ne pas tout faire pour eux, de ne pas toujours penser à eux. Cela fait longtemps que j'essaie, et j'y arrive très bien. Moins de temps pour eux, c'est plus de temps pour moi, et cela me rend plus zen. Et ça, c'est bon pour eux.

Catharsis

Je crois que ça m'a soulagé d'écrire cela.
En même temps, parler avec cette "Magui" m'a fait du bien, elle m'a dit plein de trucs intéressants.
Entre autre, qu'il n'y avait pas de famille "normale". Moi j'ai toujours l'impression que moi je suis tarée mais que dans le "vrai monde", là où les gens sont normaux...
Il n'y a pas de vrai monde, m'a-t-elle dit.
Et c'est vrai. Il n'y pas de vrai monde. C'est tellement évident.
Les gens sont plus ou moins dingues, mais le monde normal, celui des vrais personnes équilibrées, il n'existe pas, il n'est qu'une vue de l'esprit qui nous sert à ne pas sombrer dans la folie.

Erreur

J'ai déjeuné hier avec une nouvelle arrivante de cette année, épouse d'un collègue. Excellent repas, mauvaise conversation. Je lui ai parlé de ma soeur et il s'est passé ce qui se passe souvent quand j'en parle : cette jeune femme a pris, si je puis dire, parti pour ma soeur. Elle m'a renvoyé, avec pertinence, à mes propres questionnements et m'a dit en fait que je pensais avant tout à moi, ce qui est exact. Penser à ma soeur me fait du mal en ce moment et je ne veux pas me faire du mal. Elle a évoqué le fait que les malades mentaux sont en quelque sorte les réceptacles des problèmes des autres (ma soeur a récupéré les problèmes de toute la famille), et elle est exaspérée par le fait que les autres voudraient bien que les malades "rentrent dans le rang", se norment, en quelque sorte, pour leur propre bien-être - celui des "biens-portants" - et aux détriment d'eux-mêmes.
Cette analyse n'est pas fausse du tout. Elle correspond très bien à ma soeur. Des parents tarés, une famille bizarre, et c'est ma soeur qui a tout pris, moi, je gère, je ne dis pas que tout va bien mais je gère le truc.
Bref, quand je lui disais que j'aimerai bien que ma soeur aille bien, elle m'a dit que c'était ce que je voulais moi, pour moi, mais pas pour ma soeur. Que ma soeur vivait sa vie, après tout, tant bien que mal, et pourquoi aurait-elle du rentrer dans une norme, pour me faire plaisir, à moi, et à la famille?
Son parti pris m'a blessé, je me suis sentie agressée mais comme dhabitude je n'ai rien montré, elle m'a dit elle-même qu'elle était trop abrupte, j'ai protesté et lui ai dit que non. Pourtant j'ai été bouleversée.
Ce qu'elle dit est exact, mais ce n'est pas le problème. Le problème, c'est que même si je ne suis pas dans l'état de ma soeur, je suis quand même, moi aussi, victime de la situation. Je travaille, je suis mariée, j'élève mes enfants, et je suis bien contente de tout cela, mais depuis toujours je suis aux côtés d'une personne qui réagit par l'incapacité, qui ne sait pas faire, qui refuse, qui se fait prêter de l'argent, qui se fait assister. Moi aussi j'aimerais parfois refuser, ne pas savoir, me faire prêter de l'argent. Moi aussi je voudrais rester couchée et dire que je n'y arrive pas. J'ai eu la même mère, j'ai eu le même père. Elle a aussi essayé de me bouffer, il a mis trois ans à comprendre en autonomie (= sans ma mère pour le lui traduire) ce que je faisais comme métier (il en était resté à "prof de français dans une école de langue"). J'en souffre aussi. J'en ai marre aussi.
Pourquoi quand ça a l'air d'aller pour vous, les gens n'imaginent pas qu'on peut aussi être triste ou malheureux? Les melheureux sont-ils seulement ceux qui abandonnent tout? Pour qu'on comprenne que je souffre aussi, il faut que j'arrête de travailler? Que je ne fasse plus rien? j'arrête de m'occuper de mes enfants? On n'a pas le droit d'être triste ET d'assumer? Je ne peux pas. Je ne peux pas arrêter de les embrasser, mes enfants, justement parce que je veux tout faire pour leur éviter la souffrance qu'on peut avoir. Je ne peux pas arrêter de travailler parce qu'ici pas de chômage pas de sécu, si je ne bosse pas je ne gagne rien. Je prends la voiture, je les emmène chez des copains, parce que c'est important pour eux. Je lis, je regarde des films de Woody Allen pour être moins triste, alors ça veut dire que je vais bien?
Comment dire.... je sais que ma soeur est malheureuse, même si elle m'exaspère je le sais. Mais elle a toujours choisi la solution de facilité. Ne pas travailler à l'école, parce qu'elle ne comprend pas. Ne pas sortir de la maison. Regarder la télé toute la journée. Rester sous la couette. Je sais qu'elle n'est pas heureuse ainsi. Je le sais bien, qu'au final j'ai plus de chance, car je m'amuse, je sors, etc... Je sais qu'elle n'a pas le choix, elle est mue par des impulsions, ou des inhibitions. D'accord. Du coup, dès que je dis un truc sur elle, j'ai l'air de la vilaine qui a "réussi" qui juge la "ratée"", la "hors-norme". Mais si c'est trop "normatif" de dire que je voudrais qu'elle aille bien, pourquoi n'ai-je pas le droit de le dire, au nom de ma souffrance, alors qu'elle, au nom de la sienne, à la droit de dire des trucs blessant à tout le monde? Si elle m'appelle, en me disant des trucs blessants, c'est normal, elle souffre. Si je soupire, oh merde, pourquoi n'est-elle pas normale, pourquoi ne peut-elle pas être plus cool, moins agressive, ah non, je ne dois pas dire cela, je suis normative, laissons la être elle-même. Bref, ma souffrance à moi, contenue, dominée, rangée dans de petites boîtes, ne peut dire "merde" à sa souffrance violente et débridée. Et au nom de quoi? Parce que j'ai "réussi"? Est-ce que j'ai "réussi"? Car ce n'est qu'une apparence. Ou alors, pour avoir le droit de râler, il faut que je "lâche" tout. Si je m'écroule, pourrais-je alors me plaindre? Bref, soit on est noyé sous les problèmes, alors on a le droit de tout faire, soit on a réussi à donner une structure à sa vie, alors on ne se plaint pas.
Je déteste cela car cela me fait penser à l'une de mes amies, une amie à moi, à l'origine, devenue amie avec ma soeur, et pas qu'un peu. Cette amie, appelons-là Cécile, m'a dit à plusieurs reprises : "Toi aussi, tu vois, tu souffres, tu devrais aller voir un psy, et accepter ta souffrance." Moi, ma souffrance, je n'ai pas de mal à l'accepter, ce sont les autres, enfin ces autres-là, qui ont cet état d'esprit, qui ne l'acceptent pas. Quand ils voient mon exaspération envers ma soeur (il leur est facile d'être charitable envers elle, ils ne sont pas liés à elle par ces liens affectifs invisibles et puissants), ils réalisent peut-être que je ne suis pas si "forte" ( c'est vrai que j'ai parfois un côté "même pas mal"). Du coup ils se disent, ah mais elle aussi elle s'énerve, elle dit des trucs injustes, elle est vache. Donc, elle souffre de la situation (incroyable!). Dans le cas de Cécile, j'ai l'impression que ça lui fait plaisir de découvrir mes fragilités (du coup je n'ai plus envie de la voir, je ne trouve pas cela très agréable chez une amie).
Dans le cas de cette autre fille, disons Magui, c'est différent. Elle ne me connait pas comme Cécile. Elle réagit avec ses a-priori, que je comprends. Ce qu'elle dit sur les malades est vrai :les malades dérangent, et on voudrait les guérir pour qu'ils reprennent leur place, c'est vrai, on ne les laissent pas être différents. Mais soyons cru : si ma soeur persiste à ne pas travailler. Si jamais elle refuse même de faire les papiers pour le RMI. Si elle refuse que je l'aide à les faire, par ex. A la charge de qui est-elle, hein? Et, oui, ça me dérange. J'ai déjà vécu cette situation avec elle. Une situation qui faisait, à l'époque, que je devais, parce que ma mère le voulait, lui faire ses repas, faire le ménage (son lit, sa vaisselle, nettoyer tout l'appartement et elle ne faisait rien parce qu'elle ne voulait pas), et elle était odieuse, agressive, gueulait parce que je passais devant la télé en faisant les poussières, ou parce que j'avais déplacé le magnétophone en faisant son lit. Quand excédée je lui ai dit que puisque je faisais tout mal elle n'avait qu'à tout faire elle-même (elle avait 18 ans et moi 23), elle a appelé ma mère au téléphone pour qu'elle m'oblige à lui préparer ses repas, à continuer à faire le ménage dans l'appart. Cette façon qu'elle a de se remettre dans les bras des gens me gêne, oui, parce que j'ai peur qu'elle se remette dans les miens. Et que je déteste cette façon de pratiquer. Je ne peux pas l'aimer. Je n'arrive pas à la tolérer.
Si quelqu'un à un moyen de me rendre plus zen et plus compréhensive, sans me dire que je ne dois pas être normative et que l'autre a le droit d'exister (parce que je le sais, ça!), je suis, ô combien preneuse.

10 mars 2007

Gentillesse

Il me faut encore encore parler de la tolérance.
Je suis allée deux jours dans la capitale du ce pays.
J'y suis allé, fait exceptionnel, en train, et j'y ai pris le métro et une sorte de train de banlieue.
J'ai découvert un côté des gens d'ici que je connaissais déjà, mais qui a pris plus de relief à mes yeux : la gentillesse.
Premier soir, à huit heures, je sors du train (je me serais cru Gare Siant-Lazare, avec un peu d'imagination) et je me précipite pour acheter un ticket de métro, puis je me précipite, bille en tête, dans le métro. Le préposé me rappelle car je me suis trompée de chemin. Il m'indique la bonne direction.
Le lendemain, je reprends le train de banlieue et je prends un billet pour ma destination. Je m'enquiers du trajet auprès du préposé et il me dit alors que je dois prendre le bus, et non le métro. OK, je vais dans la direction qu'il m'indique pour prendre le bus, et là il me rappelle, revient avec moi au guichet, et demande à l'employé de me rembourser mon billet.
Exemple de gentillesse qui m'ont touché et du coup j'ai évolué dans mon jugement sur les gens d'ici. Il faut dire que dans ma ville, le tourisme roi developpe des sentiments excessivements mercantiles chez les gens. La capitale n'est pas si exclusivement touristique.
D'autrepart, en prenant le bus, j'étais la Française qui va chez les locaux, et non plus la Française dans sa tour d'ivoire. Mais en allant chez les locaux je me suis aussi beaucoup fait arnaquer!
Du coup je m'interroge à nouveau sur ce concept de "tolérance". Respecter l'autre, c'est quoi? J'ai du mal à respecter les gens d'ici quand ils sont méprisants, quand leurs attitudes, leurs regards me rejettent. J'observe alors et je liste tous leurs travers avec une méticuleuse méchanceté. Mon coeur se remplit de rancoeur et je suis malheureuse. Plus je les déteste, plus je me déteste d'être là.
Leur gentillesse au contraire me détend, et fait naître en moi des sentiments nettement plus positifs et heureux.
Il s'agit probablement de quelque chose que tous les déracinés connaissent.
Dans mon cas, il y a un élément en plus. Je suis dans une ancienne colonie, et je peux me réfugier dans l'attitude, pas si incompréhensible que ça, du colon qui trouve que tous les colonisés sont nuls (je shématise).
Je le fais parfois, et puis après je culpabilise.
Qu'est-ce qui est vrai?
Tout est vrai.
C'est ça le problème : tous les sentiments sont vrais (ou : ils sont tous faux).
Si je dis : les locaux sont gentils, il y a un élément de vérité.
Si je dis : "ils sont vraiment cons, merde, ils peuvent même pas regarder en traversant la route!", c'est vrai.
Si je dis :"quand ils disent oui, souvent il faut comprendre non", c'est encore vrai.

Donc : l'autre ne s'aborde qu'avec précaution. Plus il est différent, plus il faut de précaution.
Au quotidien, on est dominé par ses réactions rapides, on n'a pas le temps d'être réfléchi et ouvert. On réagit de façon épidermique, et on peut avoir des attitudes qui en arrivent à ce que l'on appelle du racisme. Le problème n'est pas de réagir comme ça, à mon avis, mais de ne pas réfléchir sur sa réaction.

En outre, le vécu propre de soi-même rend plus ou moins amer. Penser que si j'avais plus bossé dans ma jeunesse je ne serais pas ici me rend amère. Alors je regrette d'être ici et j'en veux à la petite dame que je croise et qui se dandine sur la route devant ma voiture.

L'amertume (de sa vie) mène au racisme et à l'intolérance.

Voilà où j'en arrive. Mon vécu parfois douloureux (ma mère, ma soeur), ce poids imbécile qui a pesé sur ma vie et lui a donné des inflexions que je déplore (mon immobilisme), me rend amère quand j'observe ma vie. Amer, mon coeur instille en moi un lent poison qui corromp tout et me fait jugertout mal.

Comment enlever, avec certitude, le poison de l'amertume de mon coeur? Comment regarder ma vie avec une simple lucidité qui exclut la rancoeur et tous les sentiments négatifs?

Je n'ai qu'une méthode, même si aujourd'hui elle m'enthousiasme peu : faire confiance à Dieu.

Sinon, il me faut faire le ménage en moi-même et je me retrouve avec un moi tout propre dont je fais quoi?

Bon, je vais prier pour que Dieu m'aide à ne pas retomber dans l'angoisse qui me fait tout déformer dans mon auto-perception de ma vie.

Je suis heureuse, mais je ne suis pas joyeuse. Et je ne sais pas pourquoi. Mon angoisse est trop forte. Je dois en trouver la racine. Là, je n'ai pas l'impression que ce soit ma famille, plutôt ma peur de manquer d'argent - mince : c'est horrible. Je ne manque pas d'argent, j'ai tout ce qu'il faut mais le gouffre dévorant de mon angoisse me le masque. Je sais que je ne manque pas d'argent, mais je ne le sens pas. Comment est-ce possible?

06 mars 2007

Désespoir/ pas de désespoir

Pas de désespoir. Je positive à mort. Ma vie est agréable et aucune douleur inutile ne me submerge.
Certes.
Cela signifie seulement que j'ai tout éloigné de moi, mais si j'ouvre un petit peu les yeux?
Mon bonheur me demande d'oublier un enfant, en Indonésie, vivant dans la rue, dont les parents sont morts et dont la soeur, unique soutien, est atteinte par une MST dont elle mourra dans deux à trois ans.
Inutile de penser aux enfants malades de l'hôpital d'ici, dont les parents ne peuvent les visiter et qui restent des semaines, sans médicaments, à souffrir, avant de mourir.
En France, tous ceux dont l'image d'eux est si dégradée qu'ils ne peuvent plus lutter dans le monde cruel qui les entoure. Ils sombrent insensiblement et ceux qui les voient détournent le regard parce qu'ils n'ont pas le temps. Ils se regardent eux-même sombrer et leur image d'eux-même ne fait qu'empirer. Pour ne pas trop se détester ils modifient leur image du monde et s'en isolent encore plus.
Ma soeur prisonnière de sa folie et de sa douleur et qui souffre, ou souffrira et pour laquelle je ne peux rien - qui peut faire quelque chose pour elle?
Paradoxalement, c'est la cruauté de ce monde qui me ramène à Dieu, toujours, qui ne me rappelle pas tout ce qu'il m'a donné parce que je le sais bien. Comment payer l'addition? Parce qu'il faut la payer, je ne suis pas folle, je ne suis pas SDF, je ne suis pas au chômage, mes deux enfants pètent le feu, mon apprt est joli, j'ai la capacité (le plus souvent - pas toujours) d'apprécier ma vie, ce qui est une vraie grâce.
La note augmente et je préfère ça, plutôt qu'il me reprenne tout. Quel hasard m'a crédité de tout cela? Quel est le dessein de Dieu?

Un élève poignarde un prof en France

Voilà pourquoi je ne serais (je crois) jamais prof en France. Non seulement le système est pourri et on prend les profs pour des nuls, feignants et qui ne savent pas ce que c'est que le travail, mais en plus c'est dangereux.
Ici, c'est inimaginable. Les enfants nous aiment bien; ils ne sont pas très intéressés, mais ils nous trouvent sympa. Et puis dans le système local, les profs frappent les élèves, alors nous, forcément, on est les gentils.
Je suis en admiration devant les profs français. Quand je vais sur des sites, ils se posent des questions, ils font un super-boulot. Même mes collègues de la capitale, quand j'y vais, sont épatants. Ils y croient, ils se cassent la tête, ils inventent des trucs.
Moi, je ne suis pas du tout comme ça. Les élèves m'énervent, dans l'ensemble, mais ils sont mignons et j'essaie de les faire rire. Enfin pas uniquement.
Revenons sur les profs français. Dès qu'il y a une grève, on les critique. Mon mari lui-même (mon mari, s'il travaille moins de 12 heures par jour, a honte - et je ne blague pas! Il est d'une région ouvrière. Le travail est une valeur. Alors, des gens qui se mettent en grève alors qu'ils ont des vacances toutes les six semines, il capte pas. Même quand je lui explique, il admet- il sait bien que le système est pourri. Mais après, il me dit : "Oui, mais chaque fois qu'on leur propose quelque chose, ils (les profs, les vilains) refusent le changement. "Il va me falloir encore au moins dix ans de travail pour lui faire comprendre que le gouvernement ne produit que de fausses réformes destinées à calmer l'opinion publique et non à améliorer la situation. Mon mari a quand même du mal à croire que le gouvernement mente à ce point. Des générations dopées à la soumission au grand capital, voilà ce que ça donne. C'est horrible. )
Bref : je voulais juste dire toute mon admiration aux profs de France.

05 mars 2007

Think positive 2

Depuis quatre week-end, nous ne sommes sortis que deux fois (pendant les vacances).
Conclusion: me forcer à avoir une vie sociale avec des cons ne me réussit pas.
Enfin, avec des cons... Ils ont tous un petit truc marrant qui fait que je les aime bien.

Je fais des trucs marrants avec mes élèves. En fait, je crois que je vais arrêter de leur faire apprendre des trucs. Je vais faire fun. Pourquoi lutter? De toute façon, comment rendre les gens lucides alors qu'on ne cherche qu'à leur faire acheter des portables et regarder la télé.
Là, je vais cartographier.
ça va me baisser les moyennes d'un coup, si j'arrive à être rigoureuse dans ma notation et à ne pas me laisser attendrir.
- Madame, vous avez demandé de faire un point rouge pour les villes?
- Mmmm...
- J'ai mis un triangle bleu, c'est grave?

Et là, soit je me bloque "respect des consignes" soit je me dégonfle et je pense à autre chose et ça me fait chier et je fais pas mon boulot de prof parce que merde bordel la rigueur, ils en ont besoin ces gosses.

De toute façon, tout le monde s'en fout. Les élèves veulent des jeux de DS, les parents veulent des bonnes notes, mes collègues attendent les vacances et Big Boss pond des rapports tout seul dans son bureau, on se demande bien sur quoi.

Quoiqu'il en soit, je suis plus positive.

Dessert léger, voire régime

Je ne sais pas si c'est "régime", je n'en ai jamais fait.

Ingédients :
Poire ou pomme épluchée et coupée en quartier

Vous les mettez dans un plat au micro-onde avec une cuillère à soupe d'eau pendant trois à quatre minutes.

C'est tout.

Vous pouvez customiser.

Custom 1 : Vous mettez une cuillère à soupe de thé très fort et très parfumé dans le plat.
Custom 2: Vous mettez du miel ou de la vanille avec l'eau et les fruits.
Custom 3 : Vous mettez de la cannelle avec, etc.
Custom 4 : Vous mettez du thé, de la cannelle, du miel et de la vanille.
Custom 5 : Vous faites ce que vous voulez avec les fruits et vous les servez tièdes avec de la glace à la vanille.

Dessert dramatiquement bon si on aime le chocolat

Recette exceptionnelle de dessert très facile.
Attention, ce n'est pas léger. L'idéal, c'est de le servir avec le café, en fin de repas. Si c'est en dessert, il faut à mon avis le proposer en petite quantité, par exemple dans des verres à thé à la menthe, en en mettant trois par personne, et celui qui veut se ressert.

Les proportions, attention. Moitié de chocolat par rapport à la crème.
Pour 4 :
200 ml de crème
100 g de chocolat à cuire, rapé.

  1. Faites chauffer la crème doucement, elle devient liquide.
  2. Jetez dedans le chocolat.
  3. Remuez pour que le chocolat fonde et se répartisse partout, puis éteignez et continuez de remuer pour que ça continue de fondre et de se mélanger même hors du feu.
  4. Ensuite verser dans vos moules.
  5. Laisser refroidir et mettez au frigo.
Vous pouvez aussi faire cuire un fond de tarte (en le garnissant de haricots secs pour qu'il ne monte pas) et verser la crème dedans. ça vous fait un gâteau au chocolat.
En France vous avez des fonds de tartes surgelés, veinards!

Bon, je l'ai dit, ce n'est pas léger.

04 mars 2007

En ville

J'attire votre attention sur la voiture sur le toit, en haut.

01 mars 2007

Pour une fois que je fais à manger...

Purée de lentilles jaunes, poisson sauce tomate.

  1. Dans une casserole, faire rissoler les oignons dans l'huile d'olive.
  2. Ajouter les lentilles jaunes et les pommes de terre (deux pommes de terre pour un verre à eau de lentilles).
  3. Puis de l'eau. Recouvrir largement.
  4. Mettre la table.
  5. Ranger le plan de travail ou aller faire couler le bain.
  6. Mettre de l'huile d'olive dans une poële, puis faire revenir le poisson pour qu'il soit doré, puis diminuer le feu
  7. Mettre dans la poêle un peu d'oignon, de purée d'ail ou d'ail, mais peu parce que ça brule, de câpres si on aime et de la purée de tomate (pas de concentré), de la purée ou du coulis.
  8. Donner un coup de feu puis baisser.
  9. Laisser cuire un brin, sans cramer.
  10. Aller crier un coup que quoi? Le bain c'est pas fini?
  11. Egoutter les lentilles-patates dans un truc à trous fins sinon les lentilles se barrent.
  12. Remettre dans la casserole et mixer, ou
  13. Egoutter les lentilles-patates dans un presse-purée et tourner le manicraque
  14. Mettre un peu de lait pour faire purée, pas trop, pas trop peu, faites gaffe, quoi.
  15. Quoi? Vous regardez Sabrina?
  16. Bon d'accord, je réchaufferai.
  17. Sabrina a fini à temps.
  18. ça marche aussi avec du poulet (faire cuire plus longtemps).
  19. Le poisson, c'est mieux si c'est de l'espadon ou du mérou, mais c'est cher en France je crois.