31 mars 2007

Lectures

Saines lectures : je lis la vie des douze Césars, de Suétone.
J'ai acheté ce livre il y a peut-être vingt ans, ou vingt cinq ans. je l'ai lu avec ennui, et abandonné, mais je ne m'en suis pas débarrassée : ma fascination pour la littérature romaine est totale.
Je lis relis aujourd'hui, avec admiration. Les pages sur Tibère sont extraordinaires. Il me semble entr'apercevoir, derrière deux mille ans et les différences culturelles, un homme d'abord écoeuré de la lacheté des hommes politiques de son temps, cruellement déçu par l'évolution des institutions de la République Romaine, par la lacheté des sénateurs qui souhaitent lui voir prendre le pouvoir. Peut-être parce qu'il ne veut pas ce pouvoir, et avec, àla fois, l'ivresse que le pouvoir absolu peut donner, et le mépris de ses contemporains que son histoire personnelle a pu lui faire avoir, il devient peu à peu un autocrate tyrannique et injuste. N'oublions pas que les sénateurs n'aimaient pas qu'on les contraigne, et qu'ils ont été sévères avec les empereurs qui ne mettaient pas les forces démocratiques à leur pouvoir autoritaire (à la Auguste ou à la Marc-Aurèle). Je vois Tibère amer et peu soucieux des formes.
Il fuit sa mère, persécute sa famille et ses amis. Bon, à la romaine, il en assassine quelques uns. Le meurtre politique, rappelons-le, n'est pas tombé en désuétude partout : les Russes, ce me semble, le pratiquent encore. A part ça, la vie étant ce qu'elle est, moi je comprends Tibère. Qu'est-ce que c'est qu'un ami? Moi aussi j'ai des amis. Il n'y en a pas dont je n'airien à redire, et j'ai connu des gens dont le regard sur moi a changé avec ma situation professionnelle et celle de mon mari. Certes, j'assassine peu. C'est que j'ai derrière moi deux mille ans de christianisme et un certain assouplissement des moeurs sociales et politiques. Force m'est d'avouer que j'ai quelques meurtres dans le coeur. Je ne suis pas parfaite et des sentiments violents m'agitent. Alors, si j'avais été impératrice romaine....
Le récits des turpitudes de Tibère doit par ailleurs être critiqué, je ne sais plus comment, j'ai étudié cela il y a longtemps, mais critiqué. Les médisances et la désinformations sont vieilles comme le monde. Cela étant, on avait le supplice facile en ces temps. Quoique les vidéos qui ont circulée sur les sévices infligés aux prisonniers de Guantanamo nous montrent que lorsque les Etats ne s'obligent plus à suivre les règles démocratiques, la nature humaine reprend le dessus, et la nature humaine, on la connait.
Relisons un petit coup la vie de Tibère : elle nous parle aussi de nous et de notre époque.

Le pouvoir corrompt; le pouvoir absolu corrompt absolument.

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