26 novembre 2006

Victoire

J'ai enfin ajouté quelques liens. Pas tous. C'est un début.
Je dois finir de préparer mes traductions juxta pour mon groupe de volontaires pour le latin.
Je dois préparer un contrôle.
Corriger deux paquets de copies.
Mais ça va je suis contente. Il fait beau.
Ma matinée a été constructive.
Je progresse en arabe.

C'est pas ma faute

C'est pas ma faute si j'écris pas, je suis débordée en ce moment.
Qu'est-ce que je fais?
Tiens, d'ailleurs, je vais le dire ce que je fais, à cause de Ségolène Royal : je suis prof. En plus, moi qui me prenait pour une feignante, à cause de son idée des 35 heures, j'ai compté mes heures de travail au collège l'autre jour et j'en suis restée comme deux ronds de flan :

  • lundi, j'arrive à 8 heures, j'ai cours à dix heures : 2 heures de paperasses, impression de devoirs, photocop de doc etc. De 13 heures à 14 heures et de 16 à 17 aussi. Donc 4 heures de paperasses, plus quatre heures de cours effectives (et celui qui dit qu'un cours c'est cool, qu'il aille tenir 25 gamins de 13 ans en les baratinant sur la Monarchie Absolue! - bon, moi, c'est pas cool mais c'est très sympa : Ecole française à l'étranger, les petits français glandent, mais les étrangers bossent, l'ambiance est studieuse et respectueuse de l'enseignant. ) Total lundi : 8 heures.
  • Mardi : 5 heures de cours, paperasses- photocop-corrections de 10 à 11, de13 à 14 et de 16 à 17. Total mardi : 8 heures.
  • Mercredi : 4 heures de cours, plus 1 heure de prépa à la maison : total : 5 heures
  • jeudi : 3heures de cours, 2 heures de paperasses : 5 heures.
  • Vendredi : 6 heures de cours, 2 heures de paperasses : total : 8heures
  • total semaine : 8 +8 + 8 + 5+ 5 = 34 heures au collège.
  • Il faut y ajouter ce que je fais chez moi, difficile à évaluer car irrégulier, mais il est évident que c'est au moins une heure par jour. Parfois c'est une demi-heure les jours de semaine, et puis un matin je bricole un devoir avec des documents sur internet et ça me prend une heure parce que d'abord je cherche, après je trouve, parès je fais mon devoir avec 5 docs et 25 questions, là je me demande comment je vais noter le truc, j'enlève 3 docs, je vire 15 questions, j'imprime, l'imprimante se bloque, je bidouille furieusement l'imprimante, l'Ours se lève en hurlant qu'on va être en retard, le Grand vient me demander si c'est le contrôle pour sa classe pour aujourd'hui, j'imprime, la carte est noire, je bricole la carte avec paint, je réimprime... C'est ça que j'appelle "paperasse")
  • Plus mes heures bénévoles : latin et journal, 2 heures par semaine.
  • Total : 36 heures, plus de six à dix heures de plus à la maison, heures invisibles parce qu'on les mélange à d'autres choses (zapping sur internet par exemple). Parfois elles sont visibles (les conseils de classes, 9 heures de réunion dont je sors abrutie et avec un mal de tête absolu - 3 fois, par an, c'est pas mal en vertu d'un principe : ça fait du bien quand ça s'arrête.)
    • Conclusion :Ségolène Royal est une imbécile. Les profs travaillent déjà 30 à 40 heures par semaine, selon leur rapidité, leur caractère, etc. En plus, dans les entreprises où les gens sont cloués au bureau, les employés ne sont pas forcément opérationnels 35 heures. Or, nous, on est au moins à 100% de nos capacités 18 heures (impossible de faire cours sans se concentrer - faire cours et revasser, c'est impossible). Et, en plus, il y a tout le reste, où, comme des employés de bureau, on est parfois un peu rêveurs ou inefficace (on discute avec une collègue en faisant des photocop ce qui fait perdre un peu de temps). Mais si on est innefficace, c'est notre temps que nous perdons (si on met 2 heures à préparer un contrôle au lieu de 30 minutes parce qu'on bavarde, nous en subissons le contrecoup : on bosse plus longtemps, parce qu'on ne peut pas reporter le contrôle).
    • En plus le rôle des enseignants, qui se dégradent, c'est clair, on sera dans dix ans des gardiens d'enfants, pas des enseignants, mais en théorie notre rôle est d'éveiller, d'avertir, de faire comprendre. On a besoin d'un peu de gaieté et de liberté pour faire ça. On ne peut pas être surveillé comme des employés, nos heures comptées, et apprendre aux enfants, avec spontanéité, avec "vie", "joyeusement".
Reste les vacances scolaires! Ah oui, là on est privilègiés. Mais les enfants ont besoin de ces vacances, et nous aussi. Car enseigner, même si personne ne le croit, c'est fatiguant. Il s'agit de "tenir" les groupes pendant 18 heures. Vous imaginez-vous qu'il suffise d'entrer dans la classe? Il faut parler, poser sa voix, adopter une attitude qui fera taire les élèves et les impressionnera. C'est un travail qui ressemble à celui des acteurs. De temps en temps on fait un "show" : des remarques acerbes faites à X seront entendues et bénéfiques pour toute la classe. Donc on joue sur la voix et ses inflexions, sur les gestes, on bouge à travers la classe, mais pas avec le corps détendu comme chez soi, ou même dans la salle des profs : tout est un "jeu" comparable au jen d'acteur, donc une tension physique perpétuelle, bien qu'imperceptible.
Je le vois très bien, en raison de mes problèmes respiratoires. dès que ma capacité pulmonaire baisse, que ma respiration devient plus courte, je rentre le soir épuisée, il faut que je me couche immédiatement ou presque. En cours je suis tout de suite essouflée, car je ne peux pas ne pas parler, ne pas bouger, ne pas jouer.

06 novembre 2006

Si tu mets au monde ce qui es en toi...

Lu dans True North: Si tu mets au monde ce qui est en toi, ce que tu mets au monde te sauvera. Si tu ne mets pas au monde ce qui est en toi, ce que tu ne mets pas au monde te détruira.
Cela vient des évangiles synoptiques, mais je ne suis pas sure que cela soit exact.
En tout cas je suis en train de naître, moi. Peut-on naître si tard?

05 novembre 2006

Langue arabe

Débutante laborieuse en arabe, j'ai quelque chose à en dire. J'avais lu que c'était une très belle langue, et même que c'était la langue de Dieu. Je trouvais cela bizarre.
Je précise que j'ai étudié plusieurs langues, même si je les ai aussi oublié (mon cerveau s'effondre). Le grec, ma langue préférée à 15 ans, bizarre, fleurie, pleine de poésie et de mouvement (tiens je devrais m'y remettre, ça m'aiderait à trouver des mots). Le latin, hiératique, sévère, mais aussi souple, incisif, intelligent (évidemment, les textes lus donnent une idée de la langue - Cicéron et Tacite, c'est autre chose qu'Amélie Nothomb). L'anglais, galvaudé et donc méconnu, donc surprenant comme la campagne anglaise, capable de tout (j'ai essayé de relire Persuasion en anglais cet été, je me suis découragé). Le problème avec l'anglais, c'est qu'il est trop souvent dégradé et mal écrit : donc laid. Mais l'anglais de Jane Austen, ou même de Philip Dick (mon point faible), ce sont de belles langues. L'allemand. Langue méconnue, mais assez austère. Bon, il y a Erlkönig ou Stefan Zweig, mais c'est austère. L'espagnol, alors là : c'est la fête, ça se parle tout seul et se lit comme un rêve, avec mouvement, expression.. mais moins de profondeur que l'anglais (selon moi). Ma langue "de coeur". Le catalan, une langue magnifique, poétique, suave, ancienne et moderne. Hélas, les catalans sont des em...
Bref. L'arabe. L'arabe est une langue barricadée : barricadée dans son alphabet et son éloignement, puisqu'elle n'est pas véritablement parlée. Mais quelle langue! Dommage que je sois trop novice pour m'en faire une idée précise. Lourde comme un tissu précieux, complexe et subtile comme le latin, avec des sortes de tournures comme en grec, des anacoluthes je crois. Le sujet d'une proposition participiale peut-être différent du sujet de la phrase, donc on saute, si je puis dire, d'une idée à l'autre. Je ne suis pas assez grammairienne pour en parler.
Mais cette langue belle et hiératique, si la langue guide la pensée, quelle pensée peut-elle guider? Une pensée lente et hiératique. Elle ne se prête pas aux raccourcis, comme l'anglais, par exemple.
Au fait, "jihad" signifie effort. Par exemple, celui que je fais pour apprendre la langue.

Méthodes de rédactions

Message technique.
Je me pose des questions sur mon style (pas celui de mes messages, j'écris comme ça vient, je fais de vagues corrections en cas de laisser-aller excessif).
A la base j'aime Proust et Victor Hugo. Donc, il y a du mot, du verbe, de l'adjectif et tout et tout. Le problème c'est que non seulement je ne suis ni Proust ni Victor Hugo, mais ce gen,re de style est à mon avis dépassé. Non pas inefficace, mais achevé. On ne peut que copier si on imite.
Mais les mots sont beaux, et le style sec est chiant. Je devrais me donner le temps de relire le nouveau roman, mais j'ai toujours trouvé ça chiant.
Bref : j'en suis arrivée à faire des listes de mots à utiliser, et des découpages de scènes. Enfin je ne l'ai pas fait mais je vais le mettre en place. Je rédige linéaire, parce que ça me vient mieux comme ça, mais j'écris beaucoup de conneries. Ensuite, je vais redécouper en scène et utiliser mes listes de vocabulaires pour chaque scène. c'est de la cuisine mais bon. On verra ce que ça donne.
Pour les phrases, il faut que je sois plus elliptique. Je dois lister les idées clefs et ne rédiger que là-dessus, en utilisant le stock de mots.

Lectures

A lire : Edward Saint Aubyn - Peu importe
Excellent. Noir, mais excellent. Un portrait impitoyable d'une certaine partie de la société anglaise, qui serait inintéressant sans la peinture des personnages et la relation entre ces personnages, ainsi, bien sûr, que sans l'élément clef du roman, très dérangeant, le viol d'un petit garçon par son propre père (qui regrette ensuite un peu la chose parce qu'il se dit que ça ne passera pas en société). Curieusement (n'est-ce pas), après True North et par hasard, je fais dans les parents indignes.
Je lis Hemingway. A la base, je le trouve rasoir. Maisj'ai un ami qui ne tarit pas d'éloge, alors je ne veux pas mourir idiote et je fais un effort. Je vais éviter Pour qui sonne le glas. J'ai lu "En avoir ou pas", c'est bien, le style est intéressant, c'est indubitable et j'en lirais d'autres, mais il n'y a pas à dire, je préfère Proust. J'aime les phrases.
Plus surprenant, "La part du feu", de Norman Mac Lean. Presque éblouissant. Virtuose, avec un petit peu de fadeur. Oh, que je suis méchante! J'ai adoré ce livre. 300 pages pour répondre à la question suivante : Que s'est-il passé entre 17h30 et 18 heures dans l'incendie de la colline de Man Gulch, qui a abouti à la mort de 13 pompiers volontaires sur les 15 parachutés? J'ai appris des tas de trucs sur les incendies. La caractéristique de ce roman est que l'on sait tout dès le début (comme dans "Beloved" de Toni Morrisson) mais on avance quand même dans le roman, on progresse dans la compréhension de l'histoire. Evidemment, Beloved, c'est plus dramatique... (au passage, c'est à lire absolument). Mais La part du feu m'a transporté dans le Montana (
il y a plein d'écrivains dans le Montana), comme L'avocat indien, ou True North.
J'ai racheté Le Monde selon Garp pour l'Ours mais ça l'ennuie je crois.

Lectures

A lire : Edward Saint Aubyn - Peu importe
Excellent. Noir, mais excellent. Un portrait impitoyable d'une certaine partie de la société anglaise, qui serait inintéressant sans la peinture des personnages et la relation entre ces personnages, ainsi, bien sûr, que sans l'élément clef du roman, très dérangeant, le viol d'un petit garçon par son propre père (qui regrette ensuite un peu la chose parce qu'il se dit que ça ne passera pas en société). Curieusement (n'est-ce pas), après True North et par hasard, je fais dans les parents indignes.
Je lis Hemingway. A la base, je le trouve rasoir. Maisj'ai un ami qui ne tarit pas d'éloge, alors je ne veux pas mourir idiote et je fais un effort. Je vais éviter Pour qui sonne le glas. J'ai lu "En avoir ou pas", c'est bien, le style est intéressant, c'est indubitable et j'en lirais d'autres, mais il n'y a pas à dire, je préfère Proust. J'aime les phrases.
Plus surprenant, "La part du feu", de Norman Mac Lean. Presque éblouissant. Virtuose, avec un petit peu de fadeur. Oh, que je suis méchante! J'ai adoré ce livre. 300 pages pour répondre à la question suivante : Que s'est-il passé entre 17h30 et 18 heures dans l'incendie de la colline de Man Gulch, qui a abouti à la mort de 13 pompiers volontaires sur les 15 parachutés? J'ai appris des tas de trucs sur les incendies. La caractéristique de ce roman est que l'on sait tout dès le début (comme dans "Beloved" de Toni Morrisson) mais on avance quand même dans le roman, on progresse dans la compréhension de l'histoire. Evidemment, Beloved, c'est plus dramatique... (au passage, c'est à lire absolument). Mais La part du feu m'a transporté dans le Montana (
il y a plein d'écrivains dans le Montana), comme L'avocat indien, ou True North.
J'ai racheté Le Monde selon Garp pour l'Ours mais ça l'ennuie je crois.

04 novembre 2006

Mélancolie d'automne

Temps maussade et pas de soleil, ce qui est rare. Plus rare encore, odeur d' humidité et de pluie (et pour cause il est tombé des trombes d'eau cet après-midi). Quoiqu'il en soit, l'effet dit de la Madeleine m'a renvoyé quelques quinze ans en arrière (j'essaie d'être honnête mais c'est dur). J'ai arpenté à nouveau, dans la cinquième dimension du souvenir, suspendue entre deux mondes, les larges avenues bordées de marronniers de la ville de mon enfance - ville abhorrée durant l'adolescence et dont je me demande si je ne vais pas finir par rêver.
L'année prochaine je prends des photos.
De chez moi, le long des rues mortellement calmes ponctuées régulièrement de villas cachées derrière des haies d'arbres serrées ou des grilles aveuglées. Un chien qui aboie quand on passe. Les feuilles de marronniers humides en décomposition. Les feuilles d'érables aussi. Coup de pieds dedans. Enfantin mais distrayant. Après on a les pieds humides. Les rues dans lesquelles je ne vais pas parce que Maman l'a défendu. Les rues dans lesquelles je finis par passer parce que je m'entraine à désobéir mais j'ai peur et je ne comprends pas ce qu'elles ont de si terribles, ces rues, toutes imperturbablement bordées d'arbres et calmes - mortellement ennuyeuses. L'orphelinat des apprentis d'Auteil (à mon grand désespoir de lectrice de Sans Famille et Jane Eyre, je n'ai jamais aperçu un orphelin). Le Boulevard (enfin, boulevard... tout juste une grand rue).
Le pont de maison de poupée au dessus du RER. La place de la patinoire. Je contourne et j'arrive là où j'ai mes meilleurs souvenirs d'enfants : à la Bibliothèque.
Aujourd'hui ça sentait la même odeur d'automne et la mélancolie m'a envahie.
Mais qui donc a jamais guéri de son enfance?
Lucie Delarue-Mardrus