28 janvier 2007

Week end

Premier week end cool pour moi depuis longtemps. Je vais essayer de faire de même la semaine prochaine. Quel repos.

Couches sédimentaires


J'ai pris l'année dernière une magnifique photo de couches sédimentaires érodées.
Pour tous les amoureux des couches sédimentaires...

Redecker

Suite à un article un peu obscur pour moi, auquel je suis parvenue en m'intéressant aux deux lecteurs qui ont eu la gentillesse de me laisser un commentaire je découvre le cas de Redecker.
Je suis effondrée par le personnage. Mais comment n'est-il pas évident aux yeux au moins des intellectuels que l'islam a besoin de soutien, d'analyse et de compréhension? Comment peut-on juger aussi arbitrarement la religion, d'une part, et les musulmans, d'autre part, dont une écrasante majorité n'est pas du tout islamiste, bien qu'anti-impérialiste et très amère envers l'occident, pour des raisons aussi compréhensibles (colonisations et exploitation) que suspectes (gémir sur le passé, on a ça aussi en Europe avec les Irlandais : ça n'a jamais grandi un peuple)?
Le travail d'un penseur n'est-il pas de décoder les signes? Comment peut-on dire qu'il n'ya pas de violence dans la Bible? L'ancien testament en est plein, il est vrai que les évangiles sont moins violents mais ils portent en eux les germes d'une intolérance que l'on peut mettre de côté ou au contraire suivre étroitement. Paul n'était pas un rigolo.
Comment n'est-il pas évident aux yeux d'un intellectuel que ce sont les hommes qui utilisent la religion pour manipuler les foules? Si l'Eglise l'a fait, pourquoi pas l'Islam? La laïcité et la tolérance ne naissent pas d'elles-mêmes. En Europe, c'est le fruit d'une évolution lente. L'islam doit évoluer aussi, il a besoin de temps et les musulmans de compréhension, d'une compréhension fine, qui observe les différentes mentalités, les violents, les non-violents, les intégristes, les athées,... Mettre tout le monde dans le même panier et juger superficiellement les croyances est abherrant. On peut trouver des paroles de haine dans la Bible et d'amour dans le Coran, et l'inverse.
Ceci est à détacher de mon propre jugement sur les gens d'ici. Ils sont, anecdotiquement, musulmans, mais ce qui m'agace chez eux est plutôt le résultat de leur situation de PVD, une éducation imparfaite, une mentalité ancienne. Exemple : la conduite. Cette façon irresponsable et insupportable qu'ils sont d'errer sur les routes, sans suivre les marquages au sol - qu'en était-il de la France dans les années 50? Incriminer la religion ou la culture serait stupide.
Dans un message "Tolérance 3" j'ai écrit, de façon peut-être obscure, que j'avais découvert l'ambiguité. Voilà ce que je voulais dire par là:
En France, je me sentais pleine de commisération pour les anciennes colonies. Nous avions été manipulateurs avec eux et maintenant ils étaient dans une situation d'ex-exploités dont ils ne parvenaient pas à se sortir - une situation d'"exploités différemment".
Arrivée ici j'ai constaté que ces paroles même servent souvent d'excuses pour préparer les échecs. L'exemple du Japon prouve que l'on peut inverser le cours de l'histoire. Il faut en avoir les volontés et s'en donner les moyens. Le monde arabe en a la volonté mais s'en donne-t-il les moyens? L'un de mes élèves de l'année dernière (naturellement imbibé des nouvelles locales) m'a dit la chose suivante :les Américains sont terrorisés par les Arabes car ils savent que ce sont eux les plus forts (au monde). C'est pour cela qu'ils luttent contre les Arabes avec Israël, pour les empêcher de se réunir et d'être les plus forts. Voilà pourquoi les Arabes ne peuvent pas s'en sortir. Mais alors, lui ai-je dit, ils ne sont pas les plus forts. Si! Mais c'est la faute des Américains.
Voilà comment on rentre dans une mentalité de perdant : incriminer toujours l'autre.
Les Israëliens, indépendamment de leur politique extériere, ont fait de leur pays un jardin, grâce au travail. On peut toujours dire que si les Palestiniens n'en font pas autant c'est parce que les Israëliens contrôlent l'eau. Pourquoi les Libyens ne font-ils pas de leur pays un autre paradis, alors, eux qui ont de l'argent? Parce qu'ils ne s'en donnent pas les moyens. Dans les Emirats, pour transformer le pays, les Emiriens font travailler ... des Occidentaux. Changer la mentalité, éduquer les femmes, donner des valeurs de travail, d'effort. Les Arabo-musulmans sont très performants à l'étranger, ils peuvent très bien y arriver.
Et qu'on ne viennent pas me dire que c'est la faute à Mohammed! Les Irlandais ont un état d'esprit similaire et ils sont catholiques. Un avenir, ça se prend en main.
Obligée de partir, je stoppe ce texte. Malheureusement, il mériterait plus d'attention et d'étude. Le sujet est vaste.

Le Pen et Ségolène Royal dans Second Life!

Je ne suis cela que de loin car j'ai pas le temps et ça me prend la tête mais il existe un jeu virtuel accessible par internet aux Etats Unis : Second Life. On vit une deuxième vie virtuelle, on devient un autre virtuel, etc. J'adore ce concept, non que je veuille jouer (j'ai déjà du mal à tout faire dans ma First Life alors si j'en rajoute une autre je ne pourrai plus rien gérer), mais parce que je suis une ex-fan de Philip K. Dick (je dis ex parce que j'ai perdu le feu sacré mais j'aime toujours Dick)et qu'il a invité des mondes de ce type dans ses romans.
Au passage, si un lecteur peut me donner le titre en Français et en anglais du livre dans lequel on trouve les drogues D'liss et K-priss (en français - je ne les lisais qu'en français à lépoque) ça m'intéresse.
Au passge, PKD a écrit les romans dont Blade Runner, Minority Report, et un film de Schwarzy dont le nom m'échappe parce que je ne voulais pas du tout parler de ça mais qui se - ah : total Recall. Et d'autres. Tiens, je ferais un truc sur Dick.
Bref. Dans Second Life, sont apparus Le Pen et Segolène Royal. Top délire, non?
Images de Le Pen Second Life sur Flickr.
L'article d'un journal argentin qui me l'a fait découvrir.

25 janvier 2007

Aliénation occidentale

Il n'est pas impossible que l'Ours trouve un boulot par un ancien collègue, à l'étranger.
Il recommencerait alors à travailler pour une compagnie internationale.
Pas d'horaire, dévotion à son travail.
Ex-co avec mondanités semi-professionnelles.
Prestige. Expatriation. Asie possible (piscine, boys, chaleur). GM possible.
J'ai envie de bouger et de changer.
Ce prix est-il élevé? Bouger sans filet avec deux enfants c'est risqué.
Je crains ces changements. On craint toujours les changements.
Qui deviendrai-je? Ces postes en vue m'inquiètent.
Quand nous avons quitté le boulot de l'Ours en Espagne, le chef du perso a dit à ma copine, la femme du sous-directeur que j'avais toujours été "Una senora". Le genre digne m'était d'autant plus facile que je n'avais pas un rond (il ne me restait plus qu'à prendre de grands airs, autrement dit.)Est-ce une garantie de bonne tenue morale?
Enfin on n'y est pas.
Dans tous les cas de figure je dois travailler. En femme entretenue, je suis désastreuse.
Et dire que j'apprends l'arabe. Tiens, je pourrai continuer.
Stop rêveries. Attendons le concret.

22 janvier 2007

La Chine, future puissance scientifique

Il va me falloir modofier sérieusement mes cours lors des années à venir. La situation va se modifier très vite d'années en années. La Chine prend de la vitesse, à la façon d'un hippopotame, c'est-à-dire lentement, mais elle ne s'arrêtera pas. Selon un article de Courrier International, la Chine a dépassé le Japon dans le domaine des investissements dans la recherche et le développement. Il y a autant d'ingénieurs à Pékin que dans toute l'Europe de l'Ouest, et cela pour ne rien dire de l'Inde...
Et il y en a qui voit le monde musulman comme un danger... Pauvres naïfs! Le monde musulman, c'est l'arbre qui cache la forêt. Les musulmans s'agitent, des dangers peuvent en provenir, mais il n'y a rien de sérieux à craindre de ce côté-là (d'ailleurs, les musulmans s'en prennent souvent à d'autres musulmans). Avec toutes leurs différences (et je suis bien placée pour en parler), ce sont nos frères, à tout le moins nos cousins. Ils ne sont pas trois millions de bosseurs obéissants. Loin de là. L'avenir me paraît bien démoralisant. Adieu, Europe.
Je suis bien contente de mes cours d'arabe. Au moins, j'apprends une langue d'avenir.
Je me demande si mes propos paraissent clairs et cohérents?

18 janvier 2007

Vive le progrès

C'est tout ce que je peux dire quand je vois que j'ai mis une vidéo en deux clics sur mon blog. Mes élèves savent déjà que c'est fastoche mais moi je débarque.
A part ça, aujourd'hui, une rencontre : une soeur argentine de nationalité française, 35 ans dans les pays arabes, va me donner des cours d'arabe. Elle a dans les 70 ans. J'avais l'impression d'avoir 14 ans. Elle m'a avertie : "Vous allez voir, avec moi, vous allez progresser, mais il faut bûcher." Souriante, mais ferme.
Je vais pas rigoler. 4 heures 30 d'arabe par semaine, plus les traductions, plus les cours et les prépas, plus le travail romanesque.
Et ce week-end on est invité le samedi, et on invite le samedi suivant (et je dois inviter d'autres gens depuis octobre). Surement il faudrait que je fasse des choix. Mais j'ai trop glandé dans le passé. Il faut que je rattrappe.

Merci Coumarine

Grâce à Coumarine, je :

  1. viens de découvrir une chanson formidable
  2. vais peut-être franchir un nouveau pas dans la technologie en réussissant à intégrer la vidéo de cette chanson dans mon blog (petit Jésus sois avec moi on sera pas trop de deux).

Deux, trois.




13 janvier 2007

Amère solitude

Depuis une semaine, très moyen. Mais pourquoi? Je ne sais pas.
Envie d'être ailleurs - à Paris, mais je suis consciente que je ne fais que fantasmer sur Paris.
Autour de moi, le monde dans lequel je vis est pitoyable, mais je sais qu'il ne serait pas mieux ailleurs. La mesquinerie se retrouve partout.
Ce soir, une soirée de plus, comme on coche une case. Toujours les mêmes. J'y vais car je ne veux pas me démarquer, cela ne correspondrait pas à mon état d'esprit réel. Ce n'est pas que je ne veuille pas y aller. C'est juste l'ennui.
Mes cours se passent. Mes traductions se tirent.
Je vais jouer avec les enfants tout à l'heure car j'ai honte d'être, en esprit, si loin d'eux.
Tout me manque. Comme je voudrais posséder un chez-moi spirituel, affectif, une véritable famille, un lieu où je puisse exister. Est-ce qu'il me fait défaut, est-ce que je ne sais pas le voir, est-ce que je ne sais pas le créer? Son prix est-il de ceux que je ne peux me résoudre à payer : compromissions, fausses relations?
J'ai eu des amies avec qui j'ai créé ces lieux de vie merveilleux mais ça c'est toujours mal terminé, souvent parce qu'étouffée je partais, je m'éloignais, je cassais le rêve. Une amitié est toujours une aliénation. Mais que la solitude est amère!
Je suis vide, creuse, sans vie. Je ne suis que ma propre marionnette. Je suis le double, socialement plus inséré, de ma soeur, égoïste, vide, incapable de donner. Est-ce que ce sont nos parents qui ont créé cela? Ou le portions-nous en nous? C'était en nous probablement. Je ressemble horriblement à ma mère, seule chez elle, à la différence que je m'efforce de faire en sorte que mes enfants aient une vie sociale. Je ressemble aussi à mon père : pour sa nouvelle femme, il mène maintenant une vie sociale digne de ce nom, dont il s'est passé pendant ses trente ans de vie avec la sauvage qu'était ma mère. Lui aussi fait semblant.
Pourtant je connais des gens. Des tas. J'en ai toujours connu des tas. Pourquoi ne puis-je être bien au milieu d'eux?

12 janvier 2007

Tolérance 3

Hier je n'ai pas conclu.
L'autre nous pousse à nous transformer. Face à nous il nous remet en cause. Il ne nous laisse pas être dans le cocon que nous nous sommes faits. Nous y sommes bien, mais il vient nous en débusquer. Résultat : l'autre nous emmerde, franchement.
Ma "politesse" était un refuge : en fait, je ne suis pas polie du tout. Mais me placer en silence dans les files d'attente pour attendre mon tour était bien commode. J'ai du me transformer pour ne pas être noyée dans un autre monde que je ne connaissais pas et j'ai eu horreur de ça. Je n'aspirais qu'au sommeil, à l'oubli, au confort. Sortir de moi pour me réadapter a été un effort pénible.
Pourtant, finalement, j'ai appris des choses.
En même temps, je me dis que j'aurais du rester dans mon monde clos et protégé où tout était plus simple. Les gentils avaient l'air gentil, les méchants, méchant. Les victimes ressemblaient à des victimes, on pouvait avoir pitié d'elles. Maintenant les victimes ressemblent à des emmerdeurs et j'ai découvert l'ambiguité. C'est fatigant.

11 janvier 2007

Tolérance 2

Je l'ai déjà dit, la tolérance, c'est pas ce qu'on croit. On croit que c'est facile.
Analysons.
Soit, soi. Facile. On se connaît. Même si on ne s'aime pas, on s'est habitué.
En face, l'autre.
Précisons qu'il y a autre et autre. Il y a les autres un peu autre, mais pas vraiment. Celui qui n'a pas de torchon dans sa cuisine, pas de beurre dans son frigo, mais qui nous ressemble. Déjà, celui-là, il nous agace parfois.
Mais il y a des vrais autres, des autres brevetés, professionnels.
Ces autres, peu nombreux, sont exotiques. De leur pratique peut naître en nous de la tolérance. Ma copine vietnamienne ne faisait jamais vraiment le ménage chez elle, sauf dans les parties, disons, extérieure, de son appart (le ménage sans bouger les meubles) - je ne m'en suis même (c'est tout dire) jamais rendue compte avant de vivre ici. Je m'en foutais. J'allais pas la voir pour le ménage. Retrospectivement, je dirais que personne de ma connaissance n'avait un appart aussi monstrueusement sale (poussière humide enkystée un peu partout).
Ici, les femmes lavent tout le temps, à coup de seau d'eau, et la crasse, je la vois.
Ici les autres sont partout. Normal : ils sont chez eux. Nous aussi, on est chez eux. On peut rien dire. On critique pas quand on est invité.
Observons ces autres, ceux que je me dois d'apprendre à tolérer (il y a urgence, car c'est moi l'étrangère).
Pourquoi cela m'est-il si difficile?
C'est ça la question. D'où provient ma résistance interne à la tolérance? Si tout le monde était comme moi, le monde serait d'un ennui incommensurable.
Ces autres ne me ressemblent en rien et ne ressemblent à rien qui me soit connu.
Chez eux j'ai du apprendre à me comporter autrement. J'ai beaucoup appris. D'abord, j'ai été poli comme ma maman elle m'avait dit. Mais ça, à Dubai déjà j'avais vu que ce n'était pas le bon plan. La première fois que je suis allée à l'hôpital, je suis restée à la distance sociale européenne en vigueur de la femme qui se trouvait devant moi, soit environ 60 cm. La femme s'expliquait en arabe ou en urdu avec l'employée, aimable comme une porte de prison. Sont survenues d'autres femmes et elles se sont mises autour de nous, un peu n'importe comment, puis elles ont bougés imperceptiblement et soudain il y avait trois nanas devant moi. Hop. Je m'étais fait passé devant comme une bleue. Bon. J'ai essayé de protester mais le volume sonore de ma voix et le volume d'espace que je déplaçais en bougeant ne pouvait pas lutter contre toutes ces vénérables matrones, qui d'ailleurs n'avaient même pas l'air de me voir. Engoncée dans mon idiote politesse hypocrite européenne, je n'étais même pas capable de faire un esclandre, mais un esclandre à l'arabe, si je puis dire, c'est-à-dire à la juive, aie aieaie,beaucoup de bruit pour rien, on crie on s'agite on s'arrache les cheveux et puis plus rien. Le hurlement hystérique comme mode de communication, je pratique peu.
Bon. Alors après j'ai appris. D'abord on ne sourit pas à l'hôpital, on prend l'air mordant (pour moi c'est dur; l'air ahuri ou absent à la rigueur mais l'air mordant il faut que je me concentre). On fait sentir que si on te pique la place, tu mords. Après, il faut adhérer à la personne qui te précède. Il n'y a qu'en occident que les gens s'écarte les uns des autres. Ici on se colle. Tu adhères à ta voisine, c'est normal. Voire, pendant qu'elle discute avec l'hôtesse, tu glisse ta carte de sécu sous le nez de l'hôtesse. Tu sens qu'elle dit au revoir? Tu pèses légèrement sur elle, genre casse-toi...Mais aimablement. Pas agressivement.
Ici c''est pareil. Tu rentres dans le club video et il y a six personnes devant toi. Tu commences à attendre et trois autres personnes arrivent, elles connaissent des gens qui attendent, elles se saluent toutes et se disent bonjour, chnaj walek? ana labes wa anti, ana labes alhamdullillah, tout le magasin se connait sauf toi. Tu attends? tu ne suis plus trop bien l'ordre des arrivées mais au bout de vingt minutes tu es certain qu'au moins quatre personnes surgies plus ou moins de nulle part t'ont passé devant. ça le fait pas. Tu te sens énervé (e). C'est parce que tu es français qu'ils te font ça? Tu payes la politique intérieure de Sarko? parce que c'est peut-être facile, ici, d'avoir la carte de séjour, hein? SI tu t'énerves, tu es mort. Tu vexes tout le monde. Surtout si tu fais remarquer que c'est le bordel. Tu n'auras jamais tes disques, ils buggeront tous et tu te grilles avec le mec du magasin, il va tout te faire de travers.
Beut ze solucheun iz so izi. zis pipol are NOT laik iou. L'ordre, elles s'en foutent. Enfin non, elles aiment bien, mais elles peuvent s'assoir dessus.
On le refait. Deux méthodes.
Méthode 1 : Tu entres. Il y a six personnes avant toi. D'autres vont arriver. Il faut agir.Tu fais ton importante : soupir, tu enlèves tes lunettes de soleil, tu secoues tes cheveux, tu agites tes clefs et tu fais la gueule. Tu tripotes ton portable, aussi, il faut faire des trucs avec le portable, mais d'un air important. Tu fonces dans le tas des six personnes. Tu les bouscules, pas brutalement, mais doucement. Tu demandes au type s'il a Casino royale, alors qu'il est en train de parler avec quelqu'un d'autre (c'est horriblement impoli, hein? mais tu le fais quand même), le type te répond pas, évidemment, mais tu attends et il finira par te répondre, au besoin tu insistes.
C'est pas parce que tu fais ta française que tu fais ça. C'est parce que tu fais ta locale. Le problème, c'est qu'après, ça te reste (le même comportement dans une boucherie à Levallois-Perret... imagine la gueule des mamies...).
Donc moi j'ai une autre attitude, pénible aussi mais plus facile à caser en France.
Méthode 2 : Tu rentres. Il y a six personnes devant toi. D'autres vont arriver. Il faut agir. Tu fais ton idiote. Tu fonces dans le tas et tu t'excuses très fort mais tu cherches le catalogue des DIVX enfants. Il est où, monsieur, je l'ai vu la dernière fois, wallah jtejure. Tout le monde te regarde. Deux types se mettent à chercher le catalogue des DIVX enfants et te le donnent. Tu farfouilles. Et celui des DVD classic (sic)? Heu, excusez moi, hein. Des types te passent le catalogue des DVD classic. Tu interromps une conversation pour dire, heu, samnch'ni, vous z'auriez pas un bic et un papier pour que je note les titres, hein? deux clients te filent un papier et un crayon. Tu notes des titres. Au bout d'un moment tu demandes à un vendeur. heu, monsieur, vous zavez pas sueurs froides? Peu importe la réponse. Là, tout le monde a compris que tu étais sympa, mais chiante. Quand tu as fait ta liste tu la donnes à un petit jeune. Et tu reviens chercher tes films le lendemain.
ça c'est la méthode la glue. Très efficace. Même en France, où ça fait mal élevé, sauf quand je suis en forme et que je souris, mais ça reste efficace.
Comme on voit, je m'adapte. Je n'attends plus dans les magasins. J'ai réduit mes distances sociales. C'est pour ça qu'en France, je trouve tous les Français coincés.
Quel rapport avec la tolérance? Le rapport, c'est qu' au début c'était odieux. Je trouvais les locaux insupportables, incorrects, mal élevés. Maintenant je baigne dans le truc. J'interpelle les gens. Parfois, je suis dans des endroits modernes, et je veux faire pareil : et c'est moi la Française qui me tient mal! Tout le monde me regarde avec réprobation. Ils savent tous que les Français sont polis et ne passent pas avant leur tour. Il faut donc fonctionner sur deux modes : le mode traditionnel, et le mode moderne.
Le problème, c'est l'intervalle entre les deux modes de comportement. Il m'a fallu quatre ans pour me lancer et oser passer devant des gens ou interrompre une conversation. Toute une éducation (j'ai été élevée par des gens très polis). Durant cet intervalle, je me suis très souvent senti agressée par les comportements que j'ai fait miens maintenant. Je n'avais pas de référence pour ce que j'appelais une telle impolitesse nationale. Réagir par l'agressivité n'est pas productif sur le long terme, mais je ne savais pas comment régir et j'accumulais de l'exaspération.
Après, quand on raconte cela, voilà ce que cela peut donner :
"de toute façon c'est pas la peine de prendre des gants avec eux. Ils s'en foutent. Ici faut s'imposer sinon tu te fais bouffer. Ils ne sont pas comme nous. Ils se boufferaient entre eux, c'est pareil. Ils ne respectent rien. "
Ces trois dernières lignes n'ont elles pas quelques déplaisants relents? Pourtant c'est la même histoire que la précédente.

10 janvier 2007

Comment font les autres?

Comment fait-on? Comment fait-on devant la petitesse, la médiocrité? Comment fait-on devant la fragilité des autres, parfois plus agressive ou lourde à porter que des conflits?
Depuis lundi, je me sens, détruite, effondrée, misérable. Ces gens. Bouffis de suffisance et de confiance devant l'incompétence des locaux. Parce qu'ils sont plus organisés et instruits qu'eux, ils en conçoivent un effarant sentiment de supériorité. Que seraient-ils en France? Mais rien, rien et moins que rien. Je ne les supporte plus.
Par dessus le marché je traduis une lecture anti-colonialiste et critique du Conrad de Lord Jim. L'auteur de cette critique explique qu'il veut construire un lecteur "résistant" à la lecture pro-colonialiste du livre, voulue par l'auteur. Il démonte le personnage de Lord Jim et décrit les colons comme un ex-colonié peut le faire. Ce monsieur, que je connais, et qui, en d'autres temps, m'a sorti un discours navrant sur le protocole des Sages de Sion (imbibée de propagande américaine, je crois que c'est un faux, mais en fait c'est vrai - je n'avais guère fait qu'acquiescer dans la discussion, que faire d'autre? Il y a des cas où le dialogue n'est pas possible et je n'ai pu que suivre sa pensée - fascinée - et inquiète), m'agace par son anti-occidentalisme, compréhensible certes, mais primaire. Il faut aussi balayer devant sa porte, merde! Les méchants occidentaux, et les pauvres ex-colonisés, flûte! Comparons une femme de méange espagnole et une femme de méange du coin. Femme de ménage, ça fait colonialiste? Bien. Comparons un cuisinier français et un cuisinier du coin. Bon. Ce serait trop long.
Cela étant, aujourd'hui, en relisant ma traduction et son analyse des colons, je ne me sentais pas très fière. Certes, ici, les gens se posent en victimes. C'est agaçant. Mais les néo-colons, faut se les faire. Leurs intonations, leurs sous-entendus...

07 janvier 2007

Tristesse 2

Je ne m'en sors pas aujourd'hui. Voilà que je zappe au hasard dans les liens de Kozlika et je tombe sur Valclair, qui, par hasard, ou bien c'est une erreur de ma part, me semble habiter dans une ville voisine de ma ville natale. Paris c'est ma jeunesse mais cette ville-là évoque mon enfance.
Vivement demain. Devant les élèves, je vais me transformer, comme d'habitude. Le moyen d'enseigner mou? Je sais pas faire. Dire que tout ce que je demande c'est de passer ma vie sous une couette à dormir. Pourquoi on grandit? Pourquoi on vieillit? Pourquoi on ne peut jamais remonter dans le temps?
Allez, je me refais un petit coup de Tita et après j'arrête, je corrige mes ?#&@-[% de copies.

Je pensais écrire quelque chose de neuf, mais je reviens toujours à l’enfance, au soleil permanent des vacances, au vent dans les cheveux, aux traces de sel, à la marque du maillot. Il y avait toujours de l’espoir, nous étions immortels, l’important était pour plus tard : on serait, on ferait, on aimerait ainsi, non plutôt comme cela. Les chagrins étaient immenses mais on ne nous en croyait pas encore capables, nous n’en n’avions pas encore mesuré la profondeur, nous n’en avions pas encore tâté de ce gouffre. Puis il fallut donner de plus en plus de preuves de notre maturité et de notre valeur, de nos aptitudes, de nos facultés, de nos performances et de nos compétences. Connais-tu ta leçon ? Es-tu sûre de la savoir ? Je disais oui, je savais que oui mais le soupçon d’ignorance, de lacunes, de paresses, anéantissait mes certitudes, je vacillais dans le je ne sais plus si je la sais vraiment. Je me nourris surtout du sensible, je ne sais pas bien raisonner, ni démontrer, ni prouver quoi que ce soit en dehors de ma propre expérience. Je ne suis que ma propre nostalgie. Plus j’épluche cet oignon, moins je pleure, le plus piquant est passé, dans la chute des premières tuniques.

Que je meure

Bon, j'ai compris. Il faut que je meure vite. Je ne suis plus de ce monde. ça y est. Je savais que les coup de vieux ça venait pas je ne savais pas quand. Là, c'était tout suite.
Le Louvre va installer une antenne à Abou Dhabi. Je connais. J'ai vu aussi le musée de l'histoire de l'Homme d'un Mr riche d'ici, Seigneur féodal d'une petite ville où j'ai passé des vacances. Musée lamentable, qui n'a rien d'un musée, même le journal de Mickey est plus technique dans ses exposés.
Le règne du fric attaque la culture. J'imagine bien les tableaux du Louvre exposé là-bas, prêté. Et j'imagine si bien aussi les commentaires de certains locaux de certaine religion. Ce tableau insulte notre religion. Même si seulement trois demeurés le disent, le diktat intellectuel qu'ils exercent aura force de loi sur la minorité qui s'en moque ou ne le pense pas. Et le mépris que cela pourra engendrer chez certains. Ou autre chose. Fra Angélico pourrait être accusé d'avoir copié des miniaturistes de certains pays. Ou sans aller jusque là, on reprochera aux historiens de l'art européen de n'avoir pas étudié l'impact de la miniature de certains peuples sur l'art italien du Quattrocento.
Il m'est difficile d'être très précise, je suis trouillarde. Le Louvre est rempli de trésor dont beaucoup ont été volé. Bon. Mais de là à vendre la culture, à vendre les trésors qui s'y trouvent!!! Et les vendre à ces personnes qui n'ont rien d'autre que de l'argent!!! Avec cet argent elles se construisent des mondes à la Disneyland, des copies du monde occidental que d'autres personnes de leur culture haïssent avec une ferveur sanglante. Et ceux que la haine habitent ne seront pas jaloux? Bien sûr que si! Cette pénétration d'un fleuron de notre culture, haï par certains (et je sais de quoi je parle, je sais bien que nous, l'occident corrompu et corrupteur, instillateur de l'économie capitaliste destructrice des sociétés traditionnelles, nous sommes - avec quelque raison - détestés) exaspérera certains extrémistes. La haine n'est soluble dans rien, ni dans la beauté, ni dans la culture, ni dans les bénéfices financiers (que feront les propriétaires du Louvre bis).
Je suis effondrée. Vendre le Louvre. Et le vendre là-bas.
Je n'ai rien contre la-bas, à part le côté Disneyland. Mais je sais que cette culture est en souffrance, actuellement. Et il suffit de quelques fous pour tout enflammer.
Un exemple : Nichane.

Paris

Dans la série Nostalgie (vivement demain et ma re-lobotomisation)... Il y a des gens qui habitent à Paris.
Si. Et ils ont des enfants. Et ils se promènent dans Paris. Et ils vont voir des oeuvres d'arts (que nous on comprend pas tout mais c'est qu'on est pas malin et puis on habite dans des PVD ça rend pas intelligent).
Si j'y étais, je ferais ça? je ne sais pas. Mais si.
Quand j'étais étudiante je prenais le 62 le soir et je me tapais tout l'aller-retour sur la ligne. Quand on passe la Seine sur je ne sais plus le nom du Pont, on voyait les entrepôts de Bercy, tout sales mais on avait l'impression d'être à la campagne. Et de l'autre côté c'était le XVIème.
Je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans...
Et pourquoi j'habite plus Paris? Et pourquoi la vie est si chère en France? Et pourquoi tous mes amis rament à Paris? Pourquoi on n'a plus le droit d'être moyennement riches à Paris? Parce que si j'y allais, je ne pourrais pas me payer l'appart que je veux sauf en m'endettant pour 20 ans alors qu'ici je bosse et ma vie est pareille qu'en France (sauf quand je bosse pas parce que dans le trou du cul du monde on s'emmerde). Et quand je vais en France je rattrppe le temps perdu.
De toute façon à Paris je n'avais jamais le temps de rien faire. Mais j'étais à Paris.

Tristesse

Hier, moyen.
Les vacances et l'inactivité ou du moins l'activité réduite ne me réussissent pas. Ce qui est sûrement le signe d'autre chose.
J'en ai marre de ce pays. Le mensonge, les non-dits, finissent par me rendre folle. Les locaux sont abrutis et les Français méprisables.
J'ai deux images dans la tête : Manhattan et les bars à tapas. Il faut que je trouve un moyen d'y retourner, nom de nom.
Arrêter de se cacher. Arrêter de reculer.
Mais pour l'instant j'écris (lentement) mon roman (plus un "exercice romanesque" qu'un roman), j'apprends l'arabe et je traduis des trucs. L'année prochaine si j'ai moins d'heures, il faut que je passe un capes 3è concours (ça semble super facile; il me semble que les syndicats disent que c'est brader l'enseignement mais de toute façon on le brade alors j'ai intérêt à être pragmatique).
Si l'Ours continue de développer son affaire, on pourra peut-être aller en vacances à Nueva York?? Si j'arrive à le sortir de son travail, bien sûr.
J'ai corrigé deux paquets de copies hier. Je suis une pro de la conception des devoirs et de la corrections : je vais deux fois plus vite qu'avant, et les notes sont nettement plus représentatives du niveau des élèves. Que demande le peuple.
Demain, je retrouve le plus nul et les plus démotivant des chefs, et des collègues ennuyeux. Le seul truc qui m'intéresse, c'est l'histoire entre deux de mes collègues : celle qui se reconstitue son stock d'amis et une prof. La prof (nouvelle) dans le cadre de la grande amitié qui la lie à ma collègue a passé un mois chez elle, mais il s'avère que celle-là a eu une note d'électricité deux fois plus élevée qu'à l'ordinaire car celle-ci a laissé la clim toute la journée dans sa chambre. Normalement, il ne devrait pas tarder à y avoir de l'eau dans le gaz. Il faut préciser que j'attends cela depuis le début. Leur coup de foudre" amical " a été tellement exclusif (comme les petites filles qui se font des copines et ensuite ne parlent plus à personne). Précisons que je pressens d'autres larrons dans l'histoire, une autre enseignante et son mari, eux aussi en panne d'amis, je les vois bien partir avec la petite prof sous le bras.Je pressens des drames. On va rigoler.
Comme vous le voyez, ça ne vole pas haut. On se console comme on peut. L'observation des rapports humains est toujours intéressante. Mais démoralisante.

04 janvier 2007

Paternité

Un texte bouleversant de Kozlika, quoique sans rapport aucun avec ma propre expérience, me fait penser à mon père.
Son aveuglement, auquel je pensais l'autre jour, ne cesse de me surpendre.
Moi, passe encore. Je devais avoir l'air normale.
Mais ma soeur? Comment fait-on pour être le père de ma soeur et ne pas voir que quelque chose ne va pas?
Il est difficile d'expliquer ce qui ne va pas, et quelles en étaient les manifestations dans son enfance. Mais, déjà, l'absence d'amis, le repli sur soi, le rapport aux études et à l'école, cela aurait pu le frapper.
Il aurait fallu pour cela qu'il soit normal. Or, il ne l'est pas.
Mais qu'est-ce que la norme?
Quand on parle d'enfants violés par leur père, on parle de la mère qui, dit-on, "n'a rien vu parce qu'elle n'a rien voulu voir". Il ne s'agit pas là de viol, mais d'une relation destructrice et étouffante entre une mère et une fille et il ne l'a pas vue. Il continue de ne pas le voir.
Il me parle de l'Ours comme du "bon gars". Là non plus, il ne voit pas qui il a devant lui. L'Ours n'est pas un "bon gars".
Il m'a demandé déjà six fois ce que je faisais comme travail. Bon, il a le concept, il sait que j'enseigne. Le problème, c'est où et quoi? Il pensait que j'enseignais le français dans une école de langue. Il a fini par capter : l'histoire, dans un collège français.
Parce que je lui ai offert un porte clef avec le logo du collège, le drapeau français, la Tour Eiffel et le drapeau local, il m'a dit, vexé : "Ah! Ce n'est tout de même pas une école tout à fait française : ce drapeau, tu ne vas pas me dire que c'est le drapeau français".
Je lui ai expliqué le logo : une école FRANCAISE (d'où le drapeau français et la tour eiffel) dans un pays ETRANGER (d'où le drapeau étranger).
Il a fait : "Ah!" On aurait dit qu'il avait compris.
Le mépris, c'est quelque chose de terrible. En méprisant à ce point les deux demeurés qui m'ont élevé, je méprise une partie de moi-même car je discerne en moi des morceaux d'eux.
Qu'on ne vienne pas me dire qu'ils ne m'ont pas complètement raté et que je dois leur en être reconnaissante. Je ne me dois qu'à Dieu qui a implanté en moi (et pas très fort, d'ailleurs - il aurait pu faire mieux) le germe béni de l'esprit de contradiction.
Ma soeur, tout en pleurnichant, a bien plus que moi suivi leurs recommandations, surtout les non-dites. Résultat, à 35 ans, dépression, pas d'études, pas de travail, pas d'amis, et elle en est réduite à taper la famille pour survivre, alors qu'elle nous déteste tous. Le bonheur, quoi. Le résultat de l'éducation de deux abrutis aux idées étroites.

Que dire?

Je me suis juré de ne rien dire de ce qui se passe ici, d'ailleurs il ne se passe pas grand chose. Sauf depuis quelques temps, avec ces contrôles de police. Il semble que les menaces de l'heure aient atteint notre éden plan-plan. Je ne serais pas plus claire, mais bon, qu'est-ce qui fait peur à tout le monde en ce moment, hein? Et quelle est la religion du coin où je suis, hein?
Même dans mon bledouille, il y aurait des... dangers.
Il paraît que c'est géré fermement. On arrête, on supprime le problème. On arrête aussi la famille. Je ne sais pas si on la supprime. De toute façon, on ne sait jamais rien. C'est la rumeur qui nous informe.
Enfin, ce qui sait, c'est qu'ici, la LDH est pas bien vue. Donc la rumeur n'a pas forcément tort.
Il faut qu'on se tire d'ici, Petit Jésus aide-nous, il faut qu'on se tire. Je vais me renseigner sur le Bhoutan. Je suis sûre que c'est bien le Bhoutan.