29 août 2007

Le pays dans lequel je ne suis pas morte - 11

Dès ma sortie, je réalise que ce n’est pas simple : je n’ai plus de muscle, surtout dans les jambes. J’ai du mal à m’asseoir dans la voiture, à en sortir, j’utilise mes bras pour m’accrocher et me faire avancer. Je monte les escaliers à la force des bras. Pour donner le biberon, je m’assieds, je me cale dans le canapé, et on me donne le bébé. Je ne peux pas me relever seule, il me faut un assistant qui me le prenne des bras.

Je passe l’essentiel de ma journée au lit, mais mon fils aîné peut venir me voir et faire des câlins. Le bébé est à mes côtés. Je suis aidée : ma mère, remarquable d’inefficacité, mais c’est toujours mieux que rien, puis ma belle-mère, très efficace.

A part de gros problèmes d’insomnie qui ont persisté six mois, je m’en suis remise, et bien. J’ai retrouvé mes muscles, ma (faible, de toute façon) capacité respiratoire.

Voilà comment je ne suis pas morte en Espagne.

PS : ici, le premier pédiatre qui a vu mon titounet, alors âgé de quinze mois, m’a dit en lisant le carnet de santé : « Tiens ! Voilà un bébé qui a eu du mal à respirer en naissant ! ».

Mais quinze mois après, cela ne m’a pas fait le même effet.

25 août 2007

Le pays dans lequel je ne suis pas morte - 10

En chambre :

On m’a interdit de me lever mais j’ai envie d’aller faire pipi toute seule, alors je me lève, accrochée à la perche du goutte à goutte (je n’ai plus qu’un tuyau qui se divise en trois, et le cathéter, mais je ne sais pas que je l’ai, je ne me suis pas regardée), et je marche jusqu’à la salle de bain. Je suis courbée, j’ai des vertiges, je plie les genoux et je reste attentive au moindre signe de malaise, auquel cas je me dis que j’essaierai de choir en souplesse. Mais ça va. Aller au toilette m’épuise pour au moins deux heures.

Au bout de trois jours je réclame ma sortie. Le médecin, à coup de cariño et d’airs désolés, refuse. Les infirmières sont emmerdées, mais plutôt de mon côté. Le quatrième jour en chambre, j’adopte un discours simple : « quiero mi bebe ». D’autre part, je pleure dès qu’on me parle. Là, je sens que ça fonctionne. Les allées et venues se multiplient ; ils décident de m’autoriser à voir le bebe (qui a quitté la nursery). Mon mari débarque avec mes deux enfants. L’aîné est effaré, et souriant, bravement. Il me demande quand je rentre. Il ne sait trop comment faire avec cette mère bizarre, blanche, faible, inhabituelle. Le bébé barbote dans la zénitude. Il ne pleure pas, s’agite un peu, regarde autour de lui. Il est toujours comme ça, me dit mon mari. Quand il a faim, on lui fait un câlin et il attend.

Quand il parte, je comprends que voir ses enfants, c’est vivre avec eux, pas recevoir une visite.

Quelques personnes viennent me voir (je ne connais pas grand monde), dont une madrilène exaspérée qui se met tout de suite en colère contre le système de santé espagnol et m’explique que je devrais haïr l’Espagne. Je lui dis que tout le monde a été sympa, ce qui l’énerve encore plus : ils te devaient bien ça !

Quelqu’un m’amène une énorme mousse au chocolat, puisque j’aime ça.

Je reçois des fleurs du service du personnel de la boîte de mon mari. Le directeur du personnel et le directeur m’appellent (ce sont des anglais ; en fait ils se sentent emmerdés parce que la couverture sociale de mon mari n’était pas terrible, pour un expat- pas expat ; mais en fait, avec la meilleure couverture sociale du monde je n’aurais pas forcément évité le problème : je ne me suis pas méfiée de mes problèmes respiratoires à cause de mon asthme, et je n’ai été voir que le médecin du centro de salud ; d’autre part, les seuls médecins corrects étaient en ville, à vingt bonnes minutes en voiture, et je n’avais pas la « force » d’y aller, je n’y serais pas allée, même avec une extraordinaire assurance privée ; non, ce qui aurait changé les choses, c’est des médecins privés compétents dans les environs proches, ou que le médecin du centro de salud soit plus futé – mais j’ai rencontré sa femme après, et j’ai su qu’il était en dépression, et que cela faisait peu de temps qu’il avait repris le travail ; après mon histoire, sa hiérarchie l’avait mis en dispo ou je ne sais quoi ; à partir du moment où j’ai mis les pieds à l’hôpital naval, j’ai été très bien soignée ).

Le médecin me fait mariner. Je sors jeudi. Puis le jeudi matin : vendredi, peut-être. Finalement je sors le samedi. Je suis restée en tout trois semaines à l’hôpital, 5 jours endormie, 8 réveillée à la UMI, et 8 en chambre.

21 août 2007

Le pays dans lequel je ne suis pas morte - 9

Les jours suivants je réalise. D’abord, j’émerge lentement et je constate que je ne peux plus bouger : je suis molle, bouger mon corps est un effort. Je ne peux pas m’asseoir.

Les infirmières viennent me laver tous les matins, heureusement. Je me laisse faire, en notant que c’est curieux (d’être obligée de se laisser faire à ce point par d’autres). Elles me disent qu’elles sont contentes. Pourquoi, leur dis-je. Une fille jeune comme moi ! disent-elles. Eh bien quoi, une fille jeune comme moi- quoi ?

- Elles sont contentes pour moi, dis-je à mon mari. Elles sont vraiment sympas, quand même.

Mon mari me regarde bizarrement.

-Mais tout le monde est content pour toi. Pas seulement elles. Moi aussi, je suis content pour toi !! A la boîte aussi ils sont contents.

-Mais pourquoi ?

- Parce que tu n’es pas morte !!!

- Ah ! fais-je. Je n’avais pas perçu les choses comme ça, mais évidemment ça se comprend mieux.

A la visite suivante, je dis à mon mari :

- Mais tu crois que j’ai vraiment failli mourir ?

Il me sort une phrase que j’ai longtemps eu dans la tête :

- Tu as déjà vu quelqu’un vivre sans poumons ?

- Oui. Enfin, non.

Une idée me vient.

- Mais tu as du être stressé ?

Il me regarde. Mon mari est dans le genre : tout à l’intérieur.

- Titou aurait pu être orphelin !

Il devient blanc.

- Oui, bon, eh bien on n’en parle plus.

Les infirmières ont une super –méthode : elles me roulent d’un côté, enlèvent le drap sale, placent à demi le drap propre et frais ; puis elles me roulent de l’autre côté, font de même et me rallongent. Deux me tiennent pendant que l’on change l’oreiller.

Un jour, une infirmière vient me voir : il faut que je mange. Manger ? J’ai oublié ce que c’est. Elle me demande ce que je veux. Je ne veux rien. Je n’ai pas faim.

- Si tu veux voir ton bébé, tu dois manger.

Je réalise que j’ai un bébé, que je n’ai pas vu. J’accepte un yaourt, si on me montre le bébé. Impossible : pas de bébé à la UMI. Je me transforme en fontaine. En fait, dans ma tête, j’étais toujours « enceinte », je n’avais pas accouché psychologiquement, mais ce jour-là j’ai réalisé que j’avais un bébé.

Branle-bas de combat ; mon mari pourra emmener le bébé, mais je ne le verrai qu’à travers la porte ; il reste un foyer de pneumonie dans un poumon.

Je vois le bébé ; c’est un bébé ; il est tranquille, il remue vaguement les pieds. Mon mari me dit que c’est le plus beau, le plus mignon, et que tous les parents qui viennent à la nursery croient que c’est le leur ; je mange trois cuillers de yaourt.

L’infirmière recommence le lendemain. Je progresse en espagnol.

- Que te apetece, cariño ?

Je ne comprends pas, puis je comprends apetece, appetit, plus le contexte.

Mais nada, rien, je n’ai pas faim, penser à la nourriture me remplit.

Elle me fait manger un yaourt et une tisane par jour.

Je comprends progressivement que j’ai vraiment failli mourir. Un jour, une vieille dame arrive à la UMI, je l’entends gémir. Moi qui suis une ancienne, cela fait cinq jours que j’y suis, je demande ce qu’elle a : c’est une anglaise qui a fait une crise cardiaque. Je suis inquiète pour elle : venir dans un pays étranger, et faire une crise cardiaque, risquer la mort ! Je dis à l’infirmier qui est à mes côtés combien je trouve cela horrible. Il me regarde :

- Y tu, cariño ?

Moi, quoi ? Il se coue la tête. Il m’explique que quand ils m’ont vu arriver et qu’ils m’ont réveillé (abre los ojos, c’était eux), ils étaient inquiets et stressés pour moi : une étrangère, une jeune mère…

Mais moi, ce n’était pas pareil – mais l’infirmière me coupe la parole vigoureusement : ce que tu as eu, me dit-il, c’est plus grave qu’une crise cardiaque.

Ce qui me cloue : je ne vois pas ce qui peut être plus grave qu’une crise cardiaque, mais je ne suis pas du métier. Néanmoins, je prends note de la chose. Donc j’ai vraiment failli mourir.

Un autre jour, les infirmières arrivent à cinq : elles ont une mission : m’asseoir. Je ne veux pas. Je veux qu’on me foute la paix. Mais elles ne m’écoutent pas. Elles me disent qu’il faut faire le lit. Je leur dis qu’avant elles s’en sortaient très bien sans m’asseoir. Rien du tout. Elles me prennent, à trois, plus un pour le fauteuil et une pour porter mes jambes qui tombent, molles. Elles y tiennent. Elles m’installent. Ça prend dix minutes. Elles font le lit. Puis elles me laissent assise, avec un journal, que je n’ai même pas la force de tenir dans mes mains. Je gis sur le fauteuil, en pensant qu’on est peu de chose. A la première qui surgit, je demande qu’on me recouche, ce qui est fait.

Curieusement, on ne me repropose pas de m’asseoir dans les jours suivants.

Les derniers jours, ça va mieux. J’avale un yaourt et une tisane par jour, et je demande quand est-ce que je sors et quand je pourrais rentrer.

Après deux jours où on me fait de nombreuses radios, il apparaît que le foyer de pneumonie s’est résorbé.

Pour sortir de la UMI, on me place sur un lit roulant, et en sortant, je vois le mur derrière moi, pour la première fois : ce ne sont que des tableaux, des instruments, des appareils. Cela me fait un choc. Là aussi, je réalise que pour qu’on me mette dans un endroit pareil, je devais vraiment être malade.

12 août 2007

Le pays dans lequel je ne suis pas morte - 8

Très peu de temps après j’ai soif. En fait j’ai soif depuis que je me suis réveillée, mais ça devient intenable. Ils ne veulent pas me donner à boire. Je suis en rage. Le deuxième jour, je m’arrache le truc que j’ai dans le nez, pour manifester mon mécontentement. Une infirmière vient m’expliquer très lentement que j’ai eu beaucoup d’eau dans le corps ( ?) et qu’ils ne peuvent pas m’en donner. Je m’en fous.

Dès que quelqu’un survient, je dis « tengo sed ». J’ai un truc au doigt pour mesurer le taux d’oxygène dans le sang, une pince avec une lumière, et quand je le retire une infirmière vient me le remettre. Alors je le retire tout le temps, comme ça elles viennent et je leur dis que j’ai soif. Une chef finit par m’engueuler. Ce truc au doigt n’est pas un jeu. Je pleure. J’ai soif.

Quelqu’un me met un coton imbibée d’eau dans la bouche.

Une nuit, débarque une infirmière très gentille. Elle m’écoute. Elle va chercher plein de gens et on me fait une radio ou un électrocardiogramme, je ne sais plus. Je me souviens qu’elle attend les résultats, et tout d’un coup on lui amène un papier et elle crie : « Sed ! Sed ! » ce que je comprends comme la preuve technique que mon corps avait soif. Est-ce possible ou est-ce une autre hallucination ? Ensuite, elle ou une autre m’explique que toutes les infirmières savaient que j’avais soif, mais les médecins disaient de ne pas me donner à boire ; mais cette infirmière-là étudiait pour être médecin et pensait à part elle que les médecins se trompaient souvent sur les malades (ou dans mon cas ; j’ai écouté ces explications avec fatigue, c’est lointain). Elle a donc prouvé aux médecins que j’avais soif, et j’ai pu boire (au début, goutte par goutte).(vrai ou hallucination ?)

10 août 2007

Le pays dans lequel je ne suis pas morte - 7

Quand je me réveille, je suis dans le doré. C’est agréable. Un mec, doré aussi, avec une sorte de vaporisateur sur le dos, vaporise le mur à l’aide d’un long tuyau relié à son appareil. C’est curieux, car il ne fait aucun bruit. Des mouches ou des abeilles volètent autour de lui. Je trouve cela curieux qu’on vienne faire cela dans une chambre d’hôpital, mais bon, me dis-je, après tout c’est l’Espagne.

Je dors encore, et quand je me réveille, je ne suis plus dans le doré. Je demande dans mon espagnol exécrable pourquoi le type était là.

Ça donne à peu près ça.

- Habia un hombre… Porque ?

- No, cariño, no habia.

- Si… habia… et moscas tambien.

- No habia hombre, no habia moscas.

- Si … o abejas.

- Abejas tampoco.

J’en parle à mon mari. Je lui dis que je vais peut-être être allergique au produit qu’il vaporisait. Il me regarde avec inquiétude.

- Il n’y avait personne.

- C’est pas possible. Va leur demander.

Il y va.

- Non, il n’y avait rien. Elles disent que tu as eu une hallucination.

- Non mais c’est pas possible, je l’ai vu.

- Ecoute, c’est la UMI ici, ils vont pas envoyer des mecs pour vaporiser les insectes dans la UMI.

- C’est quoi la UMI ?

- C’est ici. C’est un endroit pour les malades graves.

- Mais je ne suis pas malade. L’accouchement s’est mal passé ?

- Pas vraiment.

- C’est l’asthme ?

- Ce n’était pas de l’asthme. Tu as eu une double pneumonie. Ils t’ont endormi pour te mettre sous respirateur artificiel et te soigner.

- Tu ne crois pas qu’ils ont un peu paniqué ?

Mon mari est agacé.

- Non, je ne crois pas qu’ils ont un peu paniqué. Regarde –toi.

Je ne peux pas bouger, je suis molle, mais en tournant la tête je constate, ce que je n’avais pas remarqué, que j’ai trois perfusions, une dans chaque coude plus une au poignet, et que dans chaque perfusion, rentrent trois tuyaux (donc neuf tuyaux en tout).

J’ai aussi un tuyau dans le nez, et un truc qui va dans l’artère (mais je ne le saurais qu’après, quand ils me l’auront enlevé, au bout de trois semaines – j’ai failli m’évanouir : c’était quoi, ce truc ? Un tuyau qui va dans le …(je ne comprends pas), alors elle me dit que ça va cerca du corazon ;et je me mets à crier : mais c’est hyper dangereux – et elle s’en va avec agacement). J’ai aussi un drain pour uriner.

Enfin, ce jour-là, je suis très fatiguée, et je demeure convaincue au fond de moi (je suis dans le brouillard) que tout le monde s’est beaucoup énervé pour une grosse crise d’asthme.

06 août 2007

Le pays dans lequel je ne suis pas morte - 6

Plus tard, je me réveille, dans un lit. J’ai soif. Mon mari est là. Il est bizarre.

- ça va ?

J’envisage de répondre oui, mais je me sens molle. Je flotte dans une sorte de torpeur douce. je suis plutôt bien, et je n'ai mal nulle part. Il insiste.

- ça va ?

Je veux dire oui mais ma bouche est bizarre, il y a un truc. Je m’agite, l’idée c’est d’enlever le truc.

D’ailleurs le truc est dans mon nez.

- Comment tu te sens ?

Pourquoi on me met des trucs dans le nez ? c’est quoi ce plan ? Ils sont quand même frappadingue, les espagnols. On n’accouche pas par le nez.

J’arrête d’y penser. Je dérive.

Mon mari insiste.

- ça va ?

Ça me rappelle que j’ai un truc dans le nez. Je décide d’essayer de l’enlever. Il me prend la main pour m’en empêcher.

- Où est le bébé ?

Ça doit être un système espagnol, on sépare les bébés des mamans.

- Il va bien, me dit-il sur le ton de quelqu’un qui aurait aussi bien pu dire le contraire.

J’ai beau être molle, rêveuse, avec des trucs dans le nez, je trouve ça louche.

- Il est où ?

- Il est à la nursery.

- Il va bien ?

- Oui.

- Vraiment bien ?

- Oui. Pourquoi ?

- Tu es bizarre.

- Hmm, fait mon mari. Tu sais quel jour on est ?

- Ben, mardi.

- Non.

- Mais si, on est mardi.

Je suis fatiguée, molle, j’ai envie de dormir, et il me casse les pieds avec le jour de la semaine.

- Alors mercredi, dis-je agacée.

- Non.

- Mais ça veut dire quoi ?

- L’anesthésie a duré longtemps.

Je me dis vaguement que c’est peu probable, une anesthésie ne dure pas longtemps. Mais je n’ai pas la force de débattre.

- Quel jour ?

- Dimanche.

Je le regarde, mes yeux fatiguent, il est flou.

- Comment ça, dimanche, c’est trop long…Le bébé est né quand ?

- Mardi.

- Et là c’est dimanche ?

- Oui.

Une infirmière arrive ; il va s’en aller. J’ai plein de questions à lui poser, mais surtout envie de dormir, je n’insiste pas.

Je m’endors.

01 août 2007

Abre los ojos

Bon. Le temps passe de façon confuse, et tout d’un coup on me dérange. Je suis suspendue (je pense aux suspenseurs de Vladimir Harkonnen) dans une lumière dorée, un soleil sur les yeux et des gens me disent des trucs que je n’ai pas envie d’entendre.

Je n’entends pas, je ferme les yeux, je suis bien.

Ils insistent.

Ils parlent, ils s'agitent, ils m'empêchent de dormir ou de flotter dans le doré.

Ce qu’ils disent n’a aucun sens. Je m’en souviens, maintenant, mais quand ça s’est produit cela n’avait aucun sens. Ils me parlaient, me touchaient, me secouaient, en répétant tout le temps la même chose.

Abre los ojos Anta. Abre los ojos. Abre los ojos.

Je suis bien, je flotte. Ils me secouent la tête et j’ai le soleil dans les yeux. Ce n’est pas le soleil, c’est une lampe.

Abre los ojos Anta. Abre los ojos. Abre los ojos.

Alors que je veux dormir. Ou flotter dans le doré.

Dans une sorte de vaisseau spatial, en apesanteur.

Abre los ojos Anta. Abre los ojos. Abre los ojos.

Ils continuent. Mais je me rendors.