10 mars 2007

Gentillesse

Il me faut encore encore parler de la tolérance.
Je suis allée deux jours dans la capitale du ce pays.
J'y suis allé, fait exceptionnel, en train, et j'y ai pris le métro et une sorte de train de banlieue.
J'ai découvert un côté des gens d'ici que je connaissais déjà, mais qui a pris plus de relief à mes yeux : la gentillesse.
Premier soir, à huit heures, je sors du train (je me serais cru Gare Siant-Lazare, avec un peu d'imagination) et je me précipite pour acheter un ticket de métro, puis je me précipite, bille en tête, dans le métro. Le préposé me rappelle car je me suis trompée de chemin. Il m'indique la bonne direction.
Le lendemain, je reprends le train de banlieue et je prends un billet pour ma destination. Je m'enquiers du trajet auprès du préposé et il me dit alors que je dois prendre le bus, et non le métro. OK, je vais dans la direction qu'il m'indique pour prendre le bus, et là il me rappelle, revient avec moi au guichet, et demande à l'employé de me rembourser mon billet.
Exemple de gentillesse qui m'ont touché et du coup j'ai évolué dans mon jugement sur les gens d'ici. Il faut dire que dans ma ville, le tourisme roi developpe des sentiments excessivements mercantiles chez les gens. La capitale n'est pas si exclusivement touristique.
D'autrepart, en prenant le bus, j'étais la Française qui va chez les locaux, et non plus la Française dans sa tour d'ivoire. Mais en allant chez les locaux je me suis aussi beaucoup fait arnaquer!
Du coup je m'interroge à nouveau sur ce concept de "tolérance". Respecter l'autre, c'est quoi? J'ai du mal à respecter les gens d'ici quand ils sont méprisants, quand leurs attitudes, leurs regards me rejettent. J'observe alors et je liste tous leurs travers avec une méticuleuse méchanceté. Mon coeur se remplit de rancoeur et je suis malheureuse. Plus je les déteste, plus je me déteste d'être là.
Leur gentillesse au contraire me détend, et fait naître en moi des sentiments nettement plus positifs et heureux.
Il s'agit probablement de quelque chose que tous les déracinés connaissent.
Dans mon cas, il y a un élément en plus. Je suis dans une ancienne colonie, et je peux me réfugier dans l'attitude, pas si incompréhensible que ça, du colon qui trouve que tous les colonisés sont nuls (je shématise).
Je le fais parfois, et puis après je culpabilise.
Qu'est-ce qui est vrai?
Tout est vrai.
C'est ça le problème : tous les sentiments sont vrais (ou : ils sont tous faux).
Si je dis : les locaux sont gentils, il y a un élément de vérité.
Si je dis : "ils sont vraiment cons, merde, ils peuvent même pas regarder en traversant la route!", c'est vrai.
Si je dis :"quand ils disent oui, souvent il faut comprendre non", c'est encore vrai.

Donc : l'autre ne s'aborde qu'avec précaution. Plus il est différent, plus il faut de précaution.
Au quotidien, on est dominé par ses réactions rapides, on n'a pas le temps d'être réfléchi et ouvert. On réagit de façon épidermique, et on peut avoir des attitudes qui en arrivent à ce que l'on appelle du racisme. Le problème n'est pas de réagir comme ça, à mon avis, mais de ne pas réfléchir sur sa réaction.

En outre, le vécu propre de soi-même rend plus ou moins amer. Penser que si j'avais plus bossé dans ma jeunesse je ne serais pas ici me rend amère. Alors je regrette d'être ici et j'en veux à la petite dame que je croise et qui se dandine sur la route devant ma voiture.

L'amertume (de sa vie) mène au racisme et à l'intolérance.

Voilà où j'en arrive. Mon vécu parfois douloureux (ma mère, ma soeur), ce poids imbécile qui a pesé sur ma vie et lui a donné des inflexions que je déplore (mon immobilisme), me rend amère quand j'observe ma vie. Amer, mon coeur instille en moi un lent poison qui corromp tout et me fait jugertout mal.

Comment enlever, avec certitude, le poison de l'amertume de mon coeur? Comment regarder ma vie avec une simple lucidité qui exclut la rancoeur et tous les sentiments négatifs?

Je n'ai qu'une méthode, même si aujourd'hui elle m'enthousiasme peu : faire confiance à Dieu.

Sinon, il me faut faire le ménage en moi-même et je me retrouve avec un moi tout propre dont je fais quoi?

Bon, je vais prier pour que Dieu m'aide à ne pas retomber dans l'angoisse qui me fait tout déformer dans mon auto-perception de ma vie.

Je suis heureuse, mais je ne suis pas joyeuse. Et je ne sais pas pourquoi. Mon angoisse est trop forte. Je dois en trouver la racine. Là, je n'ai pas l'impression que ce soit ma famille, plutôt ma peur de manquer d'argent - mince : c'est horrible. Je ne manque pas d'argent, j'ai tout ce qu'il faut mais le gouffre dévorant de mon angoisse me le masque. Je sais que je ne manque pas d'argent, mais je ne le sens pas. Comment est-ce possible?

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