17 mars 2007

Bisounours/Blog sans Bisounours

Sur l'un des blogs que je lis le plus régulièrement, je viens de tomber sur un message, un article, un post, je ne sais jamais comment ça s'appelle, un texte - absolument génial.
Bon alors d'abord je mets le lien (trois quart d'heure - l'informatique c'est chouette mais c'est quand qu'il suffira de souffler dessus pour que ça marche plutôt que de faire des trucs énervants avec la souris?). LIEN.
En plus le titre évoque le De viris - dès que je vois un truc qui évoque le latin, tout me revient : les cours que je n'ai pas suivi dans des grands lycées parisiens, et - oh, trop compliqué à expliquer.

Présentation du doc (comme je fais avec mes élèves) : Ce texte/article/ message/post (j'ai toujours l'impression qu'il existe un mot adéquat mais mon cerveau, dégénérescent, refuse de me le communiquer) a été rédigé par Swami Petaramesh, tenancier?/Propriétaire?/Rédacteur?/Intervenant?/Auteur (ça y est - j'ai du mal, hein) de l'excellent-succulent-truculent-triste-drolissime blog Ashram de Swami Petaramesh, le 26 septembre 2006, en France (quand vous ne connaissez pas le lieu précis, vous généralisez) pour évoquer une catégorie de personnes particulièrement pénible, les Bisounours.
C'est la présentation de base. On peut, tout en gardant les infos (Auteur date lieu type doc thème doc), faire plus subtil. Mais pas aujourd'hui parce que je suis fatiguée.

Analyse. Swami commence par donner une définition du Bisounours, avant de dénoncer les méfaits du Bisounours en colère.

Eh bien, je viens de comprendre plusieurs trucs. D'abord je suis un Bisounours. Pas sur internet, parce que je ne l'ai pas conçu comme ça, mais dans ma vie d'expat. Je suis un exact bisounours.
Comme j'ai des côtés "Pas Bisounours", je ne me sens pas entièrement bien dans la peau du bisounours, mais c'est une sorte de tendance forte chez moi de rechercher, pour combler un mal être sur l'origine duquel je ne reviendrais pas aujourd'hui, des amitiés molles et cucul telles que décrites dans le dit article/message/post/texte.

  • De nombreux posts du bisounours semblent tournés vers l'extérieur, mais, à le lire pendant un certain temps, on remarque assez vite que chaque bisounours porte en lui une profonde souffrance, un profond mal-être, une mauvaise image de lui-même ("low self-esteem", écris-le comme ça, tout de suite, ça fait riche ;-) [3] et que c'est là le moteur essentiel qui le pousse à tenir un blog et à faire partie d'une tribu de bisounours. Bien sûr, de nombreux autres blogueurs ont aussi des blessures (ça n'a rien de particulièrement original), qui sont également souvent le principal moteur qui les pousse à écrire, mais ils n'en sont pour autant pas tous des bisounours, loin de là.[4]
Alors moi j'ai réussi, depuis plusieurs années, à améliorer mon problème d'estime de moi. Je me trouve personnellement géniale, mais je vois aussi que je me laisse aller : les expats sont intellectuellement médiocres, donc rien qu'en disant : "Proust" ou "Rastignac" ou (plus fort) "Demain dès l'aube" ou (encore plus fort) "Furtiva lagrima", on a déjà l'air tellement intelligent que ça ne me donne pas envie de vérifier l'année de naissance de Chateaubriand ou de faire une recherche sur les BO de Woody Allen. (Chateaubriand n'est pas l'auteur du poème qui commence par demain dès l'aube; en revanche Woody Allen a mis "una furtive lagrima" dans la BO de match Point).
  • Le bisounours, qui est malheureux et peu sûr de lui, a besoin de se sentir aimé, apprécié et entouré ; il recherche les strokes positifs.
Oui. Mais maintenant moins, mais quand même.
  • D'où l'utilité de sa tribu de bisounours-amis, qui viennent lui déverser des tombereaux de fleurs-commentaires pour lui dire combien le bisounours est un être trop beau, trop gentil, trop plein de talent, trop unique et trop exceptionnel tout ça. A charge de revanche bien entendu, et le bisounours s'empressera toujours d'aller rembourser son bienfaiteur virtuel en lui déversant plein de strokes positifs, également, en veux-tu en voilà.
Bon dans mon cas il ne s'agit pas de commentaires mais de discut' au téléphone ou en face à face et pas pour me dire que je suis bien mais pour avoir l'impression que je vis entourée de gens intelligent et primesautiers comme ceux que je fréquentais quand j'étais jeune.
  • Il faut dire d'autant plus de gentillesses au bisounours et lui faire d'autant plus de bisous, qu'il se sent laid(e), moche, bête, con(ne) et nul(le). Bien sûr, le bisouiller ne lui fait aucun bien sur le long terme ni ne l'aide à résoudre le moindre de ses problèmes, mais sur le court terme, ça le réconforte, et il est là parce qu'il veut des bisous, quoi, merde ! M'enfin...
Plus j'ai l'impression que je m'ennuie dans un pays pourrave peuplé de crétins pompeux, plus j'ai besoin de m'entourer d'une collec' rassurante de personnes mieux que ces crétins. Cela ne me fait aucun bien et plutôt que de vivre ma vie et de l'assumer, je passe le temps en activités improductives mais qui me donne le sentiment de n'être pas toute seule. Je suis toute réconfortée.

Et c'est là que ça merde. Tôt ou tard ça craque et je découverte le vide des gens, parce que les gens qui partagent avec moi ce type de relations ne peuvent qu'être vides. Leur vide a des aspects variés, mais il a toujours un caractère angoissant.
Et là je me dis que si j'avais fait un truc qui m'intéresse vraiment, comme de relire Tite-Live dans le texte (comme ça, après j'aurais de quoi me sentir intelligente, en plus, plutôt que de me dire que vu comme mon voisin est ignare, je ne peux qu'être plus maline que lui) ou d'apprendre l'arabe, j'aurais pas perdu mon temps en relations humaines foireuses, et qu'en plus en faisant l'activité en question j'aurai peut-être rencontré quelqu'un et que j'aurais peut-être créé une vrai relation authentique, limitée à l'activité en question mais authentique quand même, et non pas ces relations baties sur du vent et qui m'explosent toujours à la figure.

Lire Swami est toujours une source de réflexion pour moi mais celle-là est venue à point nommé. Cela étant, je me suis mise à l'arabe, justement, et je ne vois plus grand monde.
Mais si on change de crèmerie, il faudra que je sois vigilante. Je me connais.

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