05 juillet 2007

Fatma

C'est l'été. Ciel bleu, vent (un peu trop fort), soleil, oiseaux.
Ici, l'été est un vrai été. La lumière forte décline vers le soir, on a chaud, puis frais la nuit à cause du vent.
Défaut : pas de soirs d'été. Plus on va vers l'équateur, moins il y a de soirs d'été, c'est dur.
Je vais regretter ma femme de ménage, Fatma. Je m'en veux : j'ai eu tant de problèmes avec les femmes de ménage ici que j'ai été hyper distante avec elle, et justement, elle faisait partie des gens sympas. Juste avant elle, il y avait une femme avec qui j'ai été sympa et qui ne se souvenait jamais des jours où elle devait venir à la maison, ou arrivait quand j'étais partie au boulot et m'appelait pour me dire : "Vous n'êtes pas là?" Elle faisait bien son travail, mais on ne pouvait pas compter sur elle. Après qu'elle ne soit pas venue pendant trois semaines, elle a débarqué un jour pour me dire qu'elle ne pouvait pas venir, mais reviendrait le lendemain; je lui ai juste dit que non, que je ne supportais plus qu'elle vienne de façon si capricieuse et que je préférait ne plus du tout compter sur elle. Je n'ai pas eu de femme de ménage ensuite pendant huit mois. Je me levais à six heures le matin pour nettoyer une pièce. C'était ennuyeux, mais pas plus que de partir en laissant le bordel et en me disant : elle va venir - et de retrouver le bordel. Soit on a une femme de ménage, soit on n'en a pas. En plus, elle me faisait des réflexions sur la façon dont j'avais nettoyé en son absence, genre 'vous ne savez pas nettoyer" et à chaque fois que je lui répondais : c'est justement pour ça que j'ai pris une femme de ménage - elle faisait la tête, sensible au reproche.
Puis est venue Fatma. Je me méfiais, d'ailleurs je ne lui ai jamais laissé de vaisselle, je maintenais à peu près tout en l'état en me disant que si elle ne venait pas j'aurais trois tâches en urgence : la cuisine, la salle de bain, et le rangement des trucs qui traînent. Je les planifiais dans un coin de ma tête pour ne pas me sentir découragée si elle ne venait pas : mais elle est toujours venue. Un confort incroyable. Elle nettoie tout, j'ai senti qu'elle essayait de m'aider et qu'à travers le ménage elle essayait de communiquer avec moi. Est-ce ma froideur antarctique qui l'a rendue sympa ou l'est-elle naturellement? Elle range toutes mes affaires à un certain endroit, elle m'a posé des questions pour savoir comment je voulais qu'on plie le linge, et ensuite elle a fait ce que je lui suggérais - rare ici.
Je communique avec elle, mais sans paroles. Je lui donne des trucs, elle m'en donne aussi, c'est l'une des personnes les plus sympas que j'ai rencontré ici. Mais il est trop tard pour nous laisser aller, trop tard pour lui dire que je l'ai apprécié. La sympathie est venue lentement, presque rugueusement, et maintenant il est trop tard. Je me creuse la cervelle pour savoir ce que je dois faire pour elle. De l'argent? Surement, mais c'est un peu court. Comment faire?

A côté de cela, le portier du collège est venu me voir et m'a rappelé qu'il était mon ami - ah!!!- et qu'il était disposé à récupérer tout ce que je laisserai en partant.

4 commentaires:

Valérie de Haute Savoie a dit…

Juste vous dire que j'aime beaucoup votre blog.

Maëlloutsa a dit…

Mais si il faut lui dire au contraire!!!!J'ai découvert le plaisir de compliment cette année, j'adore ça!!

antagonisme a dit…

Valérie : merci, et moiaussi j'aime beaucoup ton blog - tutoyons-nous.
Libertad : Oui - sûrement, je vais le faire, d'ailleurs, c'est si simple, mais pas si évident, il faut que j'en reparle.

Pablo*NSN a dit…

Oui, des compliments ou plutôt de la gratitude (ou de la reconnaissance pour son boulot, je m'exprime mal). Des choses à toi que tu ne vas pas emporter, et/ou un cadeau, oui, plutôt que de l'argent (ou peut-être si, de l'argent aussi : mais je ne sais pas quel est l'attitude des gens du pays envers l'argent - à part les types minables dont tu nous a parlé des fois - , ça tu dois le connaître ; comment faire pour ne pas vexer, pour ne pas humilier, justement - je sais que ça peut blesser, de toute façon il en faut combien pour tirer quelqu'un de sa pauvreté, alors des fois...). Je m'exprime mal.