20 mai 2007

Les vieux

Ici les vieux sont de vrais vieux, surtout les vieilles. Ils marchent doucement, les femmes se dandinent, elles ne plient pas les genoux. Ils tournent le dos au monde et ils ont raison. Ils traversent les rues avec une résolution tranquille et faussement obtuse, pas comme les jeunes qui vous regardent du coin de l'oeil d'un air de dire "roule-moi dessus si tu l'oses". Dans leurs déplacements, le passé les entoure, impalpable, le passé ou une autre vision des choses, inconnue pour moi, et mystérieuse, mais là, présente, entêtée, merveilleuse.
Dans leur monde les routes n'existent pas, ils marchent sur un sol vierge, sans signification. Ils appartiennent au sol, au delà des marquages, trottoirs, chemin. Non pas la ligne droite, non pas la logique administrative constructrice de routes et de trottoirs, mais leur seul gré les mène d'un point à un autre, et quand énervée ma voiture les laisse traverser devant ses roues, ils ne daignent la regarder, ni moi, que très rarement : nous n'existons pas, nous ne sommes que des reflets d'un monde aberrant qu'ils nient et ignorent.
Ils continuent leur route lente et vont là où ils veulent, indifférents, éternels, hiératiques.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Très beau (le texte et la photo !)

Anonyme a dit…

C'est un tres beau blog que le votre. Votre maniere de voir le monde est, je trouve, intelligente, sensible et belle. De plus, pour moi, lire le blog d'un professeur a quelque chose d'etrange, vu que je me considere toujours comme un eleve et que mes etudes risquent de durer un certain temps encore...

Je voulais donc vous souhaiter bonne chance pour tout. Je ne trouverai sans doute pas le moyen de vous lire regulierement, mais tout ce que j'ai lu etait vivant, vif, a la fois brutal, triste et en meme temps amuse, etonne. Neuf.

Merci