12 août 2007

Le pays dans lequel je ne suis pas morte - 8

Très peu de temps après j’ai soif. En fait j’ai soif depuis que je me suis réveillée, mais ça devient intenable. Ils ne veulent pas me donner à boire. Je suis en rage. Le deuxième jour, je m’arrache le truc que j’ai dans le nez, pour manifester mon mécontentement. Une infirmière vient m’expliquer très lentement que j’ai eu beaucoup d’eau dans le corps ( ?) et qu’ils ne peuvent pas m’en donner. Je m’en fous.

Dès que quelqu’un survient, je dis « tengo sed ». J’ai un truc au doigt pour mesurer le taux d’oxygène dans le sang, une pince avec une lumière, et quand je le retire une infirmière vient me le remettre. Alors je le retire tout le temps, comme ça elles viennent et je leur dis que j’ai soif. Une chef finit par m’engueuler. Ce truc au doigt n’est pas un jeu. Je pleure. J’ai soif.

Quelqu’un me met un coton imbibée d’eau dans la bouche.

Une nuit, débarque une infirmière très gentille. Elle m’écoute. Elle va chercher plein de gens et on me fait une radio ou un électrocardiogramme, je ne sais plus. Je me souviens qu’elle attend les résultats, et tout d’un coup on lui amène un papier et elle crie : « Sed ! Sed ! » ce que je comprends comme la preuve technique que mon corps avait soif. Est-ce possible ou est-ce une autre hallucination ? Ensuite, elle ou une autre m’explique que toutes les infirmières savaient que j’avais soif, mais les médecins disaient de ne pas me donner à boire ; mais cette infirmière-là étudiait pour être médecin et pensait à part elle que les médecins se trompaient souvent sur les malades (ou dans mon cas ; j’ai écouté ces explications avec fatigue, c’est lointain). Elle a donc prouvé aux médecins que j’avais soif, et j’ai pu boire (au début, goutte par goutte).(vrai ou hallucination ?)

5 commentaires:

Valérie de Haute Savoie a dit…

Et tu n'avais vraiment pas conscience de la gravité de ton cas ? Ton mari n'a pas réussi à te l'expliquer ou bien tu étais encore trop dans les vapes ? Et pendant tout ce temps tu n'as pas vu ton bébé ? C'est un démarrage terrible comme maternité.

Pablo*NSN a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Pablo*NSN a dit…

(j'avais écrit un commentaire, ébloui par la lecture de ton texte - je me croyais inspiré mais je me suis réveillé le lendemain en me rendant compte que ce que j'avais écrit était complètement niais - et vide : je viens de l'effacer). Comme toujours, ton texte m'a donné très soif - soif de la suite (la découverte ou la relecture d'autres textes de ce blog rend heureusement l'attente plus facile).

Anonyme a dit…

Pablo, mais non, maintenant je regrette ce que tu n'as pas laissé! Il fallait le publier. Tu dis que tu es éblouie par mon texte, c'est gentil mais moi ça fait trois semaines que je trouve ça nul d'avoir écrit ça, égocentrique et vain, mais je le laisse parce que je me suis promis d'assumer, et puis en fait, quand on est obsédé par sesdéfauts, on se plante : les autres s'en foutent, de nos "défauts" qui nous obsèdent, ou alors après un effort pour nous comprendre ils disent: ah, oui, peut-être que ce mot, là , on aurait pu le remplacer, mais rien d'aussi dramatique que ce que nous croyons, nous.
Valérie, je n'avais pas du tout conscience de la gravité de mon cas, même maintenant je ne me ressens pas comme ayant été malade. Mon mari est toujours avare de mots,et il n'avait pasenvie d'en rajouter dans lestressant.Les informations minimums qu'il m'a donné luiavait fait vivre une semaine de stress, tout le monde dans son boulot croyait que j'allais y rester, donc l'info de base lui paraissait énorme. Mais, je ne faisais que me réveiller... Je planais...

Pablo a dit…

(Oh, Anta, tu sais...) Mais ça va continuer, n'est-ce pas ?!