03 mai 2007

Souk du dimanche

Le souk du dimanche est énorme, très grand, et occupe même des rues en plus des zones réservées au marché. Dans la rue principale, on trouve des produits de "l'artisanat" local réservé aux touristes. Entre autres, des bracelets en "argent berbère", et quand, comme moi, on éclate de rire et on dit au vendeur que ce n'est pas de l'argent, il s'énerve.
Récit d'un marchandage (en marchandant je ris tout le temps mais c'est un rire amer).
Moi : kaddesh? (combien? - c'est pour me la jouer, mais ça ne le fait pas, car le type sait bien que les Ifriqyiens ne s'intéressent pas à ces bricoles).
Vendeur : Ecoute, la gazelle, écoute moi, tu es française? Regarde, c'est de l'argent bèrbère, pourquoi tu ris?
- Kaddesh?
- Pour les Allemands, 45, mais pour toi, 30.
(J'éclate de rire)
- Impossible.
- Pourquoi, impossible? regarde, regarde! C'est berbère, c'est de l'argent! Dis, dis, ici, on marchande, tu dis ton prix, si ton prix bon prix, j'accepte.
- 2.
Le type s'étrangle.
- 2!! Même pas le prix d'achat!
- Oh, si t'as payé ça plus de 2 tu t'es fait avoir.
- c'est de l'argent!
- Mais non, c'est pas de l'argent.
Le type s'énerve (plus que dans le bled arbi): Quoi? Quoi? pas de l'argent? Tu me traites de menteur? regarde!!
Et il me montre, en effet, un truc genre poinçon sur le bracelet en fer-blanc. Vexer, c'est pas bon. Je dis :
- Tu as raison, il y a un poinçon. Mais c'est trop cher pour moi, je n'ai pas d'argent. C'est pas grave.
- Combien tu offres?
- 2, je t'ai dit.
- 2, c'est pas raisonnable. Donne 10 et ça va.
- Non. (je m'éloigne)
- Donne 7.
- Pas de sous.
- 5.
- 3.
- 4.
- Bon, d'accord, 4 mais c'est exorbitant.

Grâce à ce genre de négo, j'ai une certaine réputation auprès de ma belle-famille. De 45 à 4, ça le fait.

Un peu plus tard, nous traversons la route réservée aux touristes et rentrons dans la partie plus locale du souk. A 15 mètres de la route, nous tombons sur un marché où l'on vend sous sachet, par paquet de 10, les bricoles que je viens de négocier sauvagement. On y trouve aussi des objets en bois d'olivier. Je m'éloigne des Français (ils vont me faire repérer) et je vais dire Kaddesh au type, qui, me voyant, me prend pour une locale. J'achète deux couverts à salade pour 2 (monnaie locale). Débarquent les Français, en short, T-shirt, et suant, alors que j'ai un petit pull - il y a de l'air. Le vendeur m'observe avec un air ironique et se dit que, vu sous un autre angle, je n'ai plus l'air si locale. Je le regarde, il sourit, je lui souris. Il a comprit que je ne suis pas du pays, surtout quand toute la belle-famille vient m'entourer, discrets comme un troupeau d'éléphants. J'habite ici, lui dis-je. Ma belle-soeur lui demande le prix d'un pilon. Il dit 7. Pas possible. Je râle, mais il maintient son prix. Il sourit, mais il maintient. On part. Ces prix à la tête du client, ça m'énerve.

Enfin. Toutes proportions gardées, les hommes d'affaires des grosses boîtes européennes sont encore plus malhonnêtes. (Mais 45 pour du fer-blanc, c'est cher, même si les hommes d'affaires européens sont des voleurs).

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