01 avril 2007

Ne pas être moi-même

Il faudrait que je devienne quelqu'un d'autre.
Ce que je suis : une petite bourgeoise pas très riche de la région parisienne, qui vit dans un autre pays.
C'est toute ma vie, je suis ça, on n'y peut rien.
Je n'en suis pas mécontente, c'est aussi bien qu'autre chose et puis moi j'aime bien la culture bourgeoise - c'est tout ce que j'aime dans le monde bourgeois mais je l'aime vraiment. Maisons, jardins, arbres, poésie, lycées parisiens, cours de piano, latin, etc...
Le problème c'est que de ma petite bulle confortable et rassurante de petite bourgeoise je me promène et je regarde hors de ce monde pleins de jardins et d'enfants, vaguement proustien.
Et là rien ne va plus, naturellement.

Tout me choque.

Tout -mais ce tout est incohérent.
Je suis choquée de la vision donnée des Perses dans le film les 300.
Je fais partie de la partie du monde qui s'en fout, culturellement et en voyant les choses superficiellement je suis du côté des Grecs.
Mais ça ne me satisfait pas; pourtant, dans mes études, dans mes traductions, quand j'étais au lycée, tout en fantasmant sur les Perses, je m'identifiais inconsciemment aux grecs (Léonidas, Thermopyles, ils se font tous massacrer plutôt que de céder, c'est beau c'est noble c'est grand - et pourtant on sait comment on écrit l'histoire, hein!)

J'ai lu 'Beloved" et je ne peux rester indifférente au problème moral soulevé par l'esclavage.
Le commerce des esclaves a bel et bien enrichi l'Occident.
On peut argumenter en disant que c'était les Arabes, ou les Juifs, qui vendaient des esclaves. C'est à dire que d'autres le faisaient aussi. Ou alors c'est eux qui ont commencé, alors c'est pas de notre faute. cet argument ne tient pas deux minutes, c'est comme les conducteurs des trains qui allaient à Auschwitz, ou comme Eichmann.
Je me souviens quand j'ai passé cette année la Controverse de Valladolid à ma classe de quatrième dans laquelle il y a deux ivoiriennes. Le silence est devenu palpable quand le nonce apostolique explique que pour ne plus exploiter et massacrer les Indiens d'Amérique il n'y a qu'à prendre des Africians et les employer comme esclaves dans les plantations... Je me sentais tellement mal et tellement triste que je n'ai même pas eu le courage d'en parler avec elles.

Et les idées reçues actuelles sur les Musulmans, tellement simples et tellement fausses?

Je n'arrive pas à avoir la force de faire face à tout cela. Cela m'écrase.
Le plus pratique est de ne pas y penser.

Mais quand j'y pense, je ne peux voir d'autre solution que la prière.

Ou alors, naturellement, le combat.
Mais ce n'est pas dans mes cordes, pas du tout...

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