26 octobre 2007

Zut

Je suis tellement en colère contre moi que j'ai la pêche. Je dois arrêter de me plaindre. La vérité c'est que c'est toujours comme ça, je devrais m'y être habituée : je ne suis jamais contente. Quand je suis à la montagne, je fantasme sur la mer; seule, je veux être entourée; entourée, j'aspire à la solitude; forcément, mécaniquement, ça coince.
C'est un état d'esprit que je connais bien, c'est le mien de puis toujours.
D'accord, il y a des moments difficiles, mais au global j'en ai retiré plein de choses. Certes, je n'ai pas eu la vie que je voulais - vous savez pourquoi? Parce que je n'en ai eu qu'une, et que je suis paresseuse, en plus, alors que j'en voudrais dix. Une confession : enfant, et même jusqu'à mes vingt ans, dotée d'un sens des réalités absolu, je voulais être Arsène Lupin; chercheur au CNRS (en physique ou chimie; alors que je suis nulle en maths, en science et que j'ai un bac littéraire); parler trois langues; être actrice (alors que je suis timide, sauf depuis que je suis prof); entraîneuse dans un bar; danseuse de cabaret (je ne sais pas danser, et n'ai jamais fait le geste de prendre des cours). Avec tout ça, à la fin je rentre chez moi, je me dis que je suis nulle et je passe trois heures à bouquiner, et encore deux heures au tél avec une copine (maintenant je ne téléphone plus mais je lis toujours).
Je dois faire un effort pour apprécier les moments que je vis; pas mes fantasmes; ni ceux que je regrette; ni ceux que j'espère : sinon c'est la voie ouverte au désespoir.
En outre, actuellement, j'ai beaucoup de temps, et je fais quelque chose que j'ai toujours fait, voulu faire, même si parfois j'ai arrêté ou recommencé : j'écris. C'est plutôt contemplatif; et j'ai besoin d'être seule. Du coup, je m'enivre de ma propre tristesse, comme les enfants que l'on gronde et qui pleurent et encore plus de se voir pleurer et finissent par être hors d'état, hystériques (mes enfants n'étaient pas comme ça; moi, si).
Si le boulot que je guigne me tombe dans les bras comme je le crois, dans deux mois je serai une active woman qui court partout avec sa petite voiture et son portable (une vie que je n'ai pas encore eue). Sinon, j'aurais de toute façon du temps pour écrire.
Voilà; je me redresse. Je respire. J'analyse les faits avec lucidité. Je me dis parfois que je fais ou commence peut-être une dépression; mais je ne pense pas; très peu d'activité me redonne la pêche, je ne crois pas que ce serait le cas si j'en avais une.
J'ai le spleen. Mais j'ai pas que ça à foutre, d'avoir le spleen. Je me trouve dans une situation exceptionnelle : j'écris comme jamais, à croire que j'ai trouvé la méthode. Je ne sais pas ce que cela donnera : pour l'instant j'écris. J'ai déjà essayé de me dire que j'allais renoncer à l'écriture, parce que j'écris est trop mauvais. Mais ça n'est pas une solution. C'est comme si je renonçais à manger. Ou comme si je décidais de ne me nourrir que de soupe. C'est faisable, mais le manque est immense. Alors j'écris. Je ne suis pas contente de moi; en fait, j'ai décidé il y a deux ans de ne pas attendre d'être satisfaite de ce que j'écris. Ma satisfaction, c'est le but. Je ne sais pas où il est. Mais il me faut me mettre en route, malgré les obstacles. Je travaille minutieusement, laborieusement. Il me semble avoir un château à construire, avec une petite cuillère et un baton. Je n'aime pas cela. Je voudrais faire autre chose. Mais dès que je fais autre chose un regret amer me lancine. Je fais monter en neigne des émotions et des idées qui balaient mon esprit jusqu'à la nausée : mais il faut. Je suis irritée d'émotions comme une peau qu'on a frotté; mais il faut.
Je n'ai pas le temps de pleurer, pas d'être malheureuse, en plus je dois faire le ménage et préparer les repas. Le soleil brille, je lis des blogs sympas, je fais quelque chose que j'aime, même si c'est dur.
Hop.

5 commentaires:

Valérie de Haute Savoie a dit…

Je me retrouve un peu là dedans :D

Anonyme a dit…

Moi aussi tellement que je commence à me demander s'il existe quelqu'un qui vit la vie qu'il veut ...

antagonisme a dit…

Mais alors? Pourquoi? Que faisons-nous? Sommes nous tous prisonniers - et de quoi?

Anonyme a dit…

C'est fou ça! Moi aussi je me retrouve étrangement. (c'est une des richesses de nos pratiques blogueuses de nous faire réaliser combien des sentiments ou des névroses qu'on croit très particulières sont largement partagées et ça fait du bien de s'en rendre compte).
Lupin ça m'a fait sourire. Sur le sujet "le personnage que vous aimeriez être", j'avais fait en 5° une rédac enthousiaste sur Lupin, mon modèle, celui que j'aurais voulu être ce qui avait un peu choqué ma prof.
Quant à écrire, oui, faut y aller et on progresse. Dans ma vingtaine j'ai enterré mes envies d'écriture justement en me disant que j'étais trop nul, que je n'en ferai rien, dommage, si j'avais travaillé qui sait, car je me rends compte que depuis que j'ai repris, grâce aux blogs là encore, mon écriture s'améliore et je pense à me remettre à des projets plus ambitieux. Mais là il y a le problème du temps pour moi qui travaille à plein temps et n'ai pas cette disponibilité dont tu parles.

antagonisme a dit…

Tu as raison, ça fait du bien de s'en rendre compte!