25 octobre 2007

Difficulté d'être

Est-ce qu'on peut remplacer une vie qu'on n'a pas eu par le récit et le fantasme de celle-ci? Je n'ai pas eu ma vie, celle que j'aurais voulu, mais je ne sais pas pourquoi. Comme si tout avait déraillé il y a longtemps, mais je ne sais pas pourquoi.
Ou peut-être que je rêve trop; je ne sais pas m'en empêcher; mon esprit va tout seul.
Exemple : Une terrasse, un jardin au delà, pas large, un jardin de banlieue ou de petite ville balnéaire; le jardin est limité par une haie verte et quelques arbres.
Un peu de vent, un air frais; c'est le matin. Sur la table en bois qui boîte, on amène des bols, les couverts, le pain, le lait, puis les confitures, la cafetière; une odeur de pain grillé sort de la cuisine toute proche. Quelqu'un crie qu'il faut ramener le pain, les croissants réchauffés au four et le miel.
Un arbre se penche au dessus de la table; des vasques de fleurs suggèrent la limite de la terrasse; un enfant vagabond glisse dedans; cris et rires.
Je n'ai jamais vécu un tel moment; je l'ai peut-être vu dans un film, peu importe lequel. Des moments réels, dans ma belle-famille, que je n'aime pas, ou chez la femme de mon père, que je voudrais bien aimer plus, m'ont fait vivre des matins similaires, mais pas identiques.
Mais je rêve de l'avoir vécu. Je rêve d'avoir été intégré au groupe doux et confus qui le vit. Ils auraient, quelques qu'ils soient, été ma famille, plus ouverte et agréable que la réelle, toute confite, étroite et refermée.
Je suis amère de ma vie, peuplée d'êtres détestables. Une famille sèche, une belle famille écoeurante, des amies qui s'évanouissent, mon coeur qui se dessèche - est-ce que je peux remplacer cela par le récit de rêves?
C'est peut-être le moment pour moi de regarder partition inachevée pour piano mécanique.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Et pourquoi pas si cela te fait du bien ? Pourquoi pas.
C'est difficile d'être dans un 'cercle' comme le dit Samantdi (de Vie Commune), certains ont un naturel qui les mène vers tous les groupes, partout et encore.
D'autre en sont éloignés, en rêvent, et se le construise, pour connaître un peu de douceur. Où est le mal ?

antagonisme a dit…

merci Fauvette. Bien sûr, pourquoi pas, mais je voudrais que ce soit vrai -réel. Difficile à expliquer.

Anonyme a dit…

J'ai lu ton message il y a quelques heures en me disant Dieu que je la comprends. Et tout de suite je viens de lire ce que tu as écrit après, et, je me dis tiens ça ne m'étonne pas !
Au final j'ai envie de te souhaiter un bon appétit, car je sens bien que tu ne te contenteras pas de soupe !

antagonisme a dit…

Ada : merci. je suis bien contente de n'être pas la seule à être si incohérente!

Anonyme a dit…

ouf maintenant je sais que je ne suis pas tarée!

libertad

antagonisme a dit…

On l'est peut-être tous?