04 novembre 2006

Mélancolie d'automne

Temps maussade et pas de soleil, ce qui est rare. Plus rare encore, odeur d' humidité et de pluie (et pour cause il est tombé des trombes d'eau cet après-midi). Quoiqu'il en soit, l'effet dit de la Madeleine m'a renvoyé quelques quinze ans en arrière (j'essaie d'être honnête mais c'est dur). J'ai arpenté à nouveau, dans la cinquième dimension du souvenir, suspendue entre deux mondes, les larges avenues bordées de marronniers de la ville de mon enfance - ville abhorrée durant l'adolescence et dont je me demande si je ne vais pas finir par rêver.
L'année prochaine je prends des photos.
De chez moi, le long des rues mortellement calmes ponctuées régulièrement de villas cachées derrière des haies d'arbres serrées ou des grilles aveuglées. Un chien qui aboie quand on passe. Les feuilles de marronniers humides en décomposition. Les feuilles d'érables aussi. Coup de pieds dedans. Enfantin mais distrayant. Après on a les pieds humides. Les rues dans lesquelles je ne vais pas parce que Maman l'a défendu. Les rues dans lesquelles je finis par passer parce que je m'entraine à désobéir mais j'ai peur et je ne comprends pas ce qu'elles ont de si terribles, ces rues, toutes imperturbablement bordées d'arbres et calmes - mortellement ennuyeuses. L'orphelinat des apprentis d'Auteil (à mon grand désespoir de lectrice de Sans Famille et Jane Eyre, je n'ai jamais aperçu un orphelin). Le Boulevard (enfin, boulevard... tout juste une grand rue).
Le pont de maison de poupée au dessus du RER. La place de la patinoire. Je contourne et j'arrive là où j'ai mes meilleurs souvenirs d'enfants : à la Bibliothèque.
Aujourd'hui ça sentait la même odeur d'automne et la mélancolie m'a envahie.
Mais qui donc a jamais guéri de son enfance?
Lucie Delarue-Mardrus

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