09 septembre 2006

Boulevard Saint Michel

Qu'est-ce que je faisais à Paris, quand j'y étais? Qu'est-ce que j'y ferais, si j'y retournais? Qu'est-ce que j'ai foutu cet été, à ne pas prendre de photos?
Bref.
Pensons au boulevard Saint Michel. Je sors de la Sorbonne. Je traverse la place, je tourne à droite. Je prends le boulevard Saint Michel. A l'époque, je regarde les boutiques de fringues et les fast-food et je me mets à avoir faim tandis que je marche jusqu'au Gibert.
Si j'y retournais, je serai en colère. Est-ce que le monde a besoin de toutes ces boutiques de fringues? Combien a-t-on de pieds, pour qu'il y ait autant de magasins de chaussures? Ici, là où j'habite, il n'y a pas grand chose et on s'en passe très bien. La France, cette année, m'a paru un endroit débordant de choses inutiles (je ne voyais qu'elles). Un magasin de tee-shirt. Une librairie pleine de mauvais livres et de revues. Une boutiques de cadeaux. Une boutiques de machins-trucs, mi-cadeaux, mi-je décore ma maison et je fous des nids à poussière partout. Une boutique de disques. Inutile, inutile, inutile.
Bon, je retourne Boulevard Saint Michel. Je sors du RER. Enfin, je suis dans le flot de ceux qui sortent du RER. Les gens marchent, ils ne regardent personne et courent, ils se mettent tous en tas pour traverser la rue. Si je vais tout droit j'arrive au métro Odéon. Mais je n'y vais pas. Je regarde autour de moi et je me sens étrangère. Toutes ces boutiques. Est-ce que Paris doit devenir un supermarché?
J'essaie d'imaginer ce qu'un type du pays dans lequel j'habite peut ressentir à Paris. Ce que je peux imaginer, c'est ce que ressentent les bi-nationaux qui ont passé leur enfance là-bas et arrivent à Paris. Beaucoup doivent se sentir floués. On ne les a pas laissés profiter de ce grand supermarché, justement. Ils ne savaient même pas que tout cela existait. Et dès qu'ils arrivent, ils doivent tout de suite comprendre qu'ils doivent se passer de tout, parce que c'est trop cher. On les emmène au paradis et on leur dit : "C'est bien, hein? ça te fait envie, hein? Eh bien, tu ne peux toucher à rien."
Je dois arrêter d'être amère.

Parfois il pleuvait. Les trottoirs étaient luisants et glissants. Il fallait se précipiter vite dans une boutique, sous peine d'être trempée.
Dans une boutique de sous-vêtements, un jour, j'avais tout essayé. Pour voir. C'est amusant. La boutique avait trois niveaux, dont un en sous-sol. J'étais dans les cabines du sous-sol. J'y avais passé trois heures. Forcément, l'envie d'acheter avait fini par me prendre, et pourtant j'y suis peu sensible. J'étais donc ressortie avec une jolie culotte et un soutien-gorge assorti. Une culotte et un soutien-gorge en plus : le bonheur. Voilà ce que la société de consommation fait de nous. D'un autre côté, comment s'acheter des dessous sans aller dans les boutiques? Pas de Souk Jemaa à Paris!
Plus haut, près de la place de la Sorbonne il y avait les PUF. J'y allais souvent. Source de frustration. Je ne pouvais pas acheter la boutique.
Encore plus haut il y avait une solderie qui, il y a six ans encore, vendait des vidéos à prix cassés. Bon, maintenant non seulement j'ai un lecteur DVD mais ici c'est le paradis du p*r*t*. Cela étant, Soleil trompeur, je le trouverais peut-être plus en vidéos à prix cassés qu'en DVD p*r*t*.
Les trottoirs sont larges et quand il fait chaud ils brûlent.
Pourquoi n'ai-je pas pris de photo cet été?

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