Voter, selon certains, ne sert à rien car les circonscriptions ne sont pas équilibrées entre elles. Il serait peut-être approprié alors de réclamer leur redécoupage, mais si aucun parti ne le fait, c'est peut-être parce qu'ils y trouvent tous un avantage - pure supposition gratuite, je n'en sais rien.
Mais il faut aller voter.
D'abord, parce qu'on en a le droit et que tant d'autres ne l'ont pas. L'abstentionnisme fait enfant gâté.
Ensuite parce qu'il faut soit créer une opposition, même limitée, soit renforcer légistimement le pouvoir en place. Il sera ridicule, ensuite, de descendre dans la rue toutes les trente secondes pour râler. Avant cela, on a des instances, peut-être pas idéalement représentatives, mais tout de même représentatives.
Même si on n'aime pas le Président, et si la politique évolue curieusement en France, le système démocratique est le meilleur du monde et c'est en le soutenant qu'on le renforce.
Ce qui se passe en France ou en Europe a déjà eu lieu. Les citoyens athéniens ont fait à leurs gouvernement (le fameux Périclès était en fait membre d'une grande famille, liée de très près à la royauté antérieure, les Alcméonides, et il a été élu 15 ans de suite sur des discours; il avait plein de copains liés à des scandales - religieux, bon, mais le contexte était diférent : disons qu'il ne devait pas avoir un grand respect intérieur, ni ses amis, pour les règles et les divinités) les mêmes reproches que nous leur faisons. On n'a cependant pas empêché les Athéniens d'élire quelqu'un d'autre : si les peuples sont des veaux, cela ne veut pas dire que le système soit mauvais.
Lorsque les Athéniens se sont tellement désintéressé de la politique, Athènes est morte (je schématise un peu, j'avoue, mais c'est l'idée).
Ou alors j'ai peut-être tort. Je me trompe peut-être.
Faisons une autre lecture des évènements : menée par un puissant, Athènes est une grande puissance; quand les démagogues s'en empare, le peuple n'utilise pas le système pour gérer l'état au mieux. Donc, la démocratie c'est de la m... (idée de l'extrème-droite française).
Donc ne votons pas.
Les députés seront élus par de moins de moins de gens, puisque plus personne n'y croira.
Ils modifieront la constitution et nous laisserons faire, car ceux qui nous alerteront, nous ne les croirons plus, puisqu'ils sont tous pourris. Nous croirons le plus politique, celui qui nous convaincra.
Des modifications successives alièneront peu à peu le pouvoir au peuple, mais des remises budgétaires le calmeront.
Des programmes télé triés sur le volet l'endormiront.
A l'école, on supprimera la littérature (on va dans ce sens), la philosophie et l'histoire géo : à quoi ça sert? Les langues étrangères et les sciences, ça c'est quand même un savoir pratique.
Dans une génération, ils ne sauront plus penser ni critiquer : râler bien sûr, toujours, mais on leur donnera de petits morceaux de satisfaction qui leur donneront de petits sentiments de victoires éphémères.
Puis, nous aurons, comme d'autres, des présidents élus à vie, et des députés présents pour le soutenir et non pour représenter la nation.
On sera heureux. Comme les Romains sous Auguste.
15 juin 2007
Aller voter
Publié par antagonisme à vendredi, juin 15, 2007
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2 commentaires:
Je suppose que tu a écrit ce texte parce que vous avez ce week-end en France le deuxième tour des législatives. Ce qui est drôle est que tu publies ton billet le jour du 30e anniversaire des premières élections démocratiques en Espagne après Franco. 30 ans seulement, et pourtant des fois on a l'impression qu'il s'agit d'une démocratie trop usée. J'en ai parlé un peu dans mon blog peu après les élections municipales et autonomiques qui ont eu lieu en Espagne le 27 mai dernier ; je me posais des questions : pourquoi l'abstention, comment récupérer l'initiative qu'on a laissée aux hommes et femmes politiques, desquels on s'est peut-être trop lassés... Tu as raison, il faut voter : mais c'est clair que cela ne suffit pas (ou plus), il faut arrêter d'être des citoyens-consommateurs... ou plutôt des consommateurs tout court, pour redevenir des Citoyens. Ça n'a pas l'air facile...
Il faut redevenir des citoyens actifs et responsables, et c'est loin d'être facile. La désaffection des uns en décourage d'autres et amène d'autres encore à prendre plus de libertés dans l'indifférence générale. Il faut faire renaître le sentiment de la démocratie.
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